Ce
livre est vivant (…) et dresse un
portrait précis de l'homme ... Hope et Scheck ont beaucoup
cherché et ont découvert
des histoires époustouflantes. The New York Times
Un
tourneur de pages…un livre regorgeant de
détails révélateurs... Du
Pétrole et du Sang
est particulièrement bon sur le lien entre le fonds souverain
saoudien et Masayoshi Son de SoftBank... Et il y a
beaucoup plus dans ce livre magnifique de Hope et Scheck.Financial Times
Explosif. The
Times
Excellent.Forbes
Du
Pétrole et du Sang
est le meilleur livre lu sur le Moyen-Orient. Il vous emmène
en profondeur dans l'endroit le plus opaque de la planète,
et sans aucune fausse note, nulle part.
Sans parler du livre est un tourne-page merveilleusement lisible, et
indispensable si vous voulez avoir un aperçu de l'avenir de
l'Arabie Saoudite et du monde.Robert Baer,ex chef de station de
la CIA au Moyen-Orient
Un
nouveau livre captivant... Bradley Hope et Justin Scheck... livrent
un portrait saisissant de la trahison et des prises de pouvoir à
la cour royale saoudienne, et tentent de découvrir ce qui
motive certaines des décisions souvent imprudentes du jeune
prince.NPR.org
Hope et Scheck nous confrontent à l'énigme d'un jeune homme qui
fait du bien ... décrivant avec brio comment l'énigmatique
prince héritier fait progresser l'Arabie comme nous la
verrions en Occident - tout en opérant avec cruauté et
absolutisme qui retournent l'estomac. Du
Pétrole et du Sang
est une lecture fascinante. Nous sommes mis au défi et
captivés à chaque page.Robert Lacey, auteur de
The Crown et Inside the Kingdom
Si vous pensiez connaître l'Arabie Saoudite, comme
n'importe quel étranger pourrait le faire, vous ne le saviez
pas - et pour autant que vous compreniez le Royaume et sa politique,
vous ne le savez pas... Du
Pétrole et du Sang
est une lecture narrative fantastique dans les changements radicaux
que Mohammed ben Salman a pris en Arabie Saoudite.
C'est exceptionnellement bien écrit, une lecture
convaincante... Du
Pétrole et du Sang
est un excellent ajout à l'écriture contemporaine sur
l'Arabie Saoudite. Joshua C. Huminski, Le
Courrier Diplomatique
Un regard fascinant sur la façon dont le prince MBS
est arrivé au pouvoir, et que beaucoup n'ont pas
vu venir.Yahoo Finance
Pour une fois, le battage médiatique de l'éditeur est vrai.
Du Pétrole et du Sang est … une descente dans un nid de vipères, avec
un profil effrayant du prince héritier saoudien. The Irish Times
Dans Du
Pétrole et du Sang,
Bradley Hope et Justin Scheck se sont donné beaucoup de mal
pour lever le voile sur le personnage d'un jeune homme qui secoue le
pays, et bien au-delà. Le résultat est un
‘'page-turner'' captivant.Reuters
Un
livre enflammé avec des révélations inédites
sur le dirigeant de facto de l'Arabie Saoudite.
Albawaba
Un livre captivant sur le ventre de la
finance mondiale.Corporate Compliance Insights
Ce
livre révèle quelques incidents de corruption à
couper le souffle.InsideOver
Un superbe portrait.Coda
Un ajout important au portrait alarmant de cet homme instable et meurtrier de
35 ans qui dirige le royaume producteur de pétrole.Mondoweiss
Du Pétrole et du Sang
est un aperçu fascinant de la politique du pétrole
et comment une richesse stupéfiante et une ambition
incontrôlée ont créé ce que la plupart
considéreraient comme un véritable monstre... Du
Pétrole et du Sang
se litcomme un thriller à suspense avec la
grandeur d'une pièce de Shakespeare. Un livre
important.The Premise Pod C'est un travail courageux, rigoureux et louable.MoneyControl
Du
Pétrole et du Sang
est l'histoire fascinante et très divertissante de l'accession
au pouvoir de Mohammed ben Salman. Avec des reportages éphémères
et des intrigues de palais dignes de Machiavel, il vous fera tourner
les pages rapidement jusqu'à son dénouement tragique.
Et plus important encore, cela vous laissera une compréhension
profonde et nuancée de la pensée du prince héritier
et de ses implications pour l'Arabie Saoudite et
l'ensemble du Moyen-Orient. John Carreyrou, auteur de Bad
Blood
C'est aussi proche de la vérité,
de la véritable histoire de la corruption, des vulgarités,
des horreurs et des mensonges du Royaume et de son despote actuel que
nous pouvons l'obtenir. Cela peut également être lu
comme une histoire shakespearienne de cupidité totale. Seymour
Hersh, auteur de Chain of Command
Du
Pétrole et du Sang
est un livre révélateur qui résonne
avec une qualité plus étrange que la fiction car
l'analyse des auteurs de la brutalité, de l'extravagance et de
la mentalité du réformateur du prince héritier
est aussi fascinante que profonde. Bryan Burrough, auteur de
Public Ennemies et
co-auteur de Barbarians at the Gate
Bradley
Hope et Justin Scheck racontent l'histoire vraiment incroyable de
l'ascension de MBS de manière profonde et multidimensionnelle
que seuls les journalistes expérimentés du Wall
Street Journal peuvent faire. Cela se lit
comme un roman, mais nous éclaire aussi
sur une vraie personnalité
qui va façonner notre monde.Bethany McLean, auteur de
Saudi America et The Smartest Guys in
the Room
_
Avant-Propos _
Si nous avons entrepris ce projet, c'est parce que Mohammed ben Salmane
compte parmi les nouvelles personnalités politiques et
économiques les plus influentes du monde, mais il reste une
énigme pour tous ceux qui sont affectés par les
décisions de grande ampleur qu'il prend tous les deux mois.
Qu'il s'agisse des pays du Moyen-Orient forcés de s'adapter à
la brutalité de son pouvoir, des entreprises technologiques
qui se développent grâce aux milliards de dollars qu'il
investit, des familles des dissidents et des opposants au régime,
dont la vie se trouve bouleversée, et de toutes les victimes
de sa décision d'utiliser le pétrole comme arme
économique au début de l'année 2020, personne ne
peut réellement cerner ses motivations ni les raisons de son
ascension si fulgurante. En tant que journalistes d'investigation,
nous nous intéressons surtout à la question de l'argent
– comment il est dépensé, où il circule et
à quoi il sert. Nous nous sommes donc lancés dans ce
projet avec l'intention de nous départir de toutes nos
connaissances préalables de l'Arabie saoudite et de Mohammed
afin de faire table rase et suivre l'argent. À mesure que nous
avancions dans notre enquête, nous nous félicitions
d'avoir entamé ce travail. Beaucoup de choses que nous
pensions savoir à son sujet n'étaient que des
caricatures de la vérité. Cette distorsion avait pour
but de forcer certains traits de sa personnalité de manière
à le présenter comme un être dérangé,
héroïque ou hors de contrôle. Bien sûr, il
s'agit là d'un aspect inhérent à la narration du
parcours d'un nouveau dirigeant ayant imposé une
transformation radicale à un pays qui n'avait pas connu de
changements notables depuis des décennies, mais ce qui est
ainsi sacrifié, c'est une connaissance plus approfondie du
personnage central. Sans une meilleure compréhension de sa
personnalité, de sa famille, de ses motivations, de ses
stratagèmes et des détails de tous les combats qu'il a
menés pour se hisser au sommet, il manquera aux simples
observateurs les clés nécessaires pour se forger une
opinion.
Sans
vouloir justifier, excuser ou louer les décisions et les
actions de MBS au cours de ces cinq dernières années,
voici le meilleur compte-rendu que nous puissions livrer de son
avènement sur la base de nos reportages, à commencer
par notre travail au Wall Street Journal
en 2017, lorsque nous avons couvert, depuis Londres, les différentes
facettes de ses projets de réforme économique et
effectué des voyages en Arabie saoudite à des fins
journalistiques. Enquêter sur Mohammed ben
Salmane est une tâche ardue. Cela peut paraître
contre-intuitif, mais notre situation géographique, que ce
soit à Londres ou à New York, nous a été
d'un grand secours pour recueillir des informations. Peu de
personnalités puissantes résidant dans les pays du
Golfe Persique se sentent à l'aise pour parler ouvertement du
prince héritier chez elles, de peur d'être surveillées
électroniquement (une hypothèse probable) ou simplement
observées en compagnie d'individus suspects tels que nous. Ces
mêmes personnes qui se rendent à Londres, à Paris
ou à Manhattan se sentent délestées d'un poids
énorme et les langues se délient un peu plus
facilement. Une
autre raison pour laquelle notre présence dans ces deux
capitales mondiales présente un avantage, c'est que l'histoire
de Mohammed ben Salmane, depuis ses premiers jours à la Cour
royale, est liée aux affaires et à la finance. Peu de
dirigeants mondiaux sont aussi captivés par les
questions d'affaires mondiales que lui et engagés à
leur égard.
La famille Al Saoud règne sans partage sur l'Arabie saoudite,
ce qui suppose une gouvernance quotidienne analogue à celle
d'un bureau d'investissement familial. De plus, dès son plus
jeune âge, Mohammed était fasciné par les
histoires d'entrepreneurs, de grands magnats et d'hommes politiques
célèbres. Pour le comprendre, il est impératif
de garder à l'esprit qu'il est non seulement le dirigeant du
royaume au quotidien, mais aussi le PDG d'Al Saud Inc.
Ce livre est le produit de plusieurs années de travail, surtout
les reportages réalisés en 2019, lorsque nous nous
sommes attachés à interviewer tous ceux qui avaient
côtoyé Mohammed au fil des ans, voyageant de pays en
pays, déterrant de vieux documents financiers et des dossiers
gouvernementaux confidentiels attestant de la croissance de ses
empires personnel et politique, et consultant tout les écrits
que nous avons pu dénicher sur ce prince et l'Arabie saoudite.
La plupart de nos sources nous ont parlé «en coulisses»
afin de préserver leur anonymat. Aussi avons-nous fait preuve
de la plus grande diligence pour trouver plusieurs sources ayant vécu
les mêmes événements afin de nous assurer de leur
sincérité. Chaque anecdote est basée sur les
souvenirs de plusieurs personnes et, aussi souvent que possible,
étayée par des courriels, des documents juridiques, des
photographies, des vidéos et d'autres types d'archives. Les
citations et les conversations restituées dans cet ouvrage
sont reconstituées à partir des notes des participants,
de leurs souvenirs, de leurs enregistrements ainsi que d'autres
éléments de preuve. Nous avons également
exploité des bases de données publiques qui recèlent
des indices sur les réseaux d'affaires personnels de Mohammed.
Nous espérons que ce livre apportera un nouvel éclairage
sur l'un des plus ambitieux jeunes dirigeants du monde, appelé
à jouer un rôle de premier plan dans les décennies
à venir.
_ Prologue _
L'appel
reçu juste avant 4h du matin était pressant et
déconcertant. Le roi voulait voir son neveu, le prince
Al-Walid ben Talal Al Saoud, le plus rapidement possible. «Venez
tout de suite»,
a dit l'émissaire de la Cour royale.
Pendant
des dizaines d'années, Al-Walid avait été
l'homme d'affaires saoudien le plus connu au monde. Il était
le genre de personne que les gens voulaient côtoyer, ne
serait-ce que pour entrevoir à quoi pouvait ressembler une vie
alimentée par une réserve inépuisable d'argent.
Avec une fortune personnelle estimée à 18 milliards de
dollars, il était, aux yeux de nombreux Américains et
Européens, le Saoudien par excellence: fabuleusement riche,
débonnaire et excessif à outrance. Il possédait
une flotte d'avions, dont un 747 avec, en son centre, un fauteuil en
forme de trône, et un yacht d'une valeur de 90 millions de
dollars pouvant accueillir confortablement 22 invités et, pour
s'occuper d'eux, 30 membres d'équipage. Lorsqu'un article lui
plaisait – même s'il devait s'agir d'un appareil de sport
encombrant et dispendieux, il l'achetait en 10 ou 20 exemplaires. Un
pour chaque maison, pied-à-terre, camp dans le désert
et yacht.
Al-Walid
se délectait de cette image et de ses représentations;
il exhibait aux visiteurs de ses bureaux de Riyad, de Paris et de New
York d'épaisses piles de magazines affichant son visage en
couverture ou proposant de longues interviews sur sa carrière
professionnelle. Certaines pièces de ses résidences
offraient au regard des visiteurs plus d'une dizaine de ses
portraits, photos ou peintures à différents stades de
sa vie. Il aimait boire son thé dans une tasse à son
effigie.
Le
prince était incontournable dans le monde américain des
affaires; il détenait des participations dans Citibank, Apple
et Twitter. Dans le cadre d'un partenariat avec Bill Gates, la
Kingdom Holding Company d'Al-Walid possédait une partie de la
chaîne hôtelière Four Seasons, réputée
pour ses chambres de luxe. En voyage, il était accompagné
d'une équipe de 20 personnes, dont des cuisiniers, des agents
de propreté, des majordomes et des conseillers d'affaires.
Pourtant,
par cette fraîche nuit de novembre 2017, le voilà qui
ressentait un frisson lui parcourir l'échine pendant qu'il
s'habillait, dans sa résidence retirée dans le désert,
pour son entrevue avec le roi. L'Arabie saoudite était le
théâtre de profonds changements, parfois manifestes,
comme le retrait de la police religieuse des rues et l'autorisation
de la musique dans les cafés après des décennies
d'interdiction de tout ce qui risquait d'éveiller les sens. Le
pays était depuis si longtemps un refuge de cette
interprétation ultraconservatrice de l'islam, appelée
le wahhabisme par ses détracteurs, que les citoyens saoudiens
étaient presque étourdis par le rythme effréné
des réformes: les salles de cinéma s'agrandissaient,
les femmes se promenaient avec plus de liberté que jamais et
il était question de renoncer au pétrole pour de bon.
Les
riches et puissants du pays avaient entendu le bruit d'une fissure.
Les fondations mêmes de leurs palais ornés semblaient
vaciller. Peu importait qu'Al-Walid appelât des chefs d'État
et les personnes les plus riches du monde ses amis. Son immunité
de prince milliardaire se désagrégeait.
Après
plus de deux ans de règne de son oncle, le roi Salmane ben
Abdelaziz Al Saoud, Al-Walid avait déjà eu vent des
convocations nocturnes de membres de la famille royale ou de leur
rapatriement forcé par avion en vue de leur détention
en Arabie saoudite. L'homme à l'origine de ces arrestations
n'était autre que le fils du roi Salmane, le jeune cousin
d'Al-Walid, Mohammed ben Salmane Al Saoud, qui, à seulement 32
ans, était réputé pour son fort caractère
et sa capacité à imposer des changements violents.
Mohammed
avait pris le contrepied de ses oncles, ces anciens rois qui tiraient
leur pouvoir d'un consensus royal et tendaient vers un conservatisme
extrême par crainte de mettre la dynastie en péril. Au
moment de leur arrivée au pouvoir, ils étaient devenus
des vieillards desséchés, dépourvus du courage
et de l'énergie nécessaires à l'impulsion de
grands changements. En revanche, Mohammed était jeune et
vigoureux. Il mesurait plus d'1m80; parmi ses traits distinctifs, un
grand sourire qui lui faisait plisser les yeux, un nez proéminent
et une approche intuitive de la conversation pouvant être à
la fois affectueuse et menaçante. Il débordait
d'énergie, adressant des questions et des ordres à ses
subordonnés à toute heure du jour et de la nuit. En peu
de temps, Mohammed avait déclaré la guerre au Yémen,
imposé un boycott à un pays voisin et concentré
plus de pouvoir que tous les membres de la famille royale depuis la
fondation du royaume.
<:center>
Al-Walid
se rassurait: les princes détenus étaient des membres
marginaux de la famille et souvent des dissidents politiques, qui
semaient le trouble chez les Al Saoud depuis leurs résidences
en France ou au Royaume-Uni. Quelques mois plus tôt, il avait
confié à un visiteur son admiration pour le programme
de Mohammed et son enthousiasme à l'idée de voir
l'Arabie saoudite passer enfin du statut de bastion illibéral
de la souche la plus conservatrice de l'islam à celui de
puissance arabe moderne, bénéficiant d'une économie
diversifiée et de droits plus égaux pour les hommes et
les femmes. En matière de réforme financière,
Mohammed avait même adopté quelques-unes des idées
les plus radicales d'Al-Walid.
«C'est
le changement que j'ai attendu toute ma vie», avait déclaré
Al-Walid à Robert Jordan, ancien ambassadeur américain
en Arabie saoudite, en avril 2017. Des PDG, des banquiers et des
dirigeants politiques du monde entier lui avaient rendu visite dans
la retraite où il séjournait, un site désertique
à l'extérieur de Riyad occupé par de grandes
tentes où ses invités recréaient une version
idéalisée du mode de vie bédouin perpétué
par ses ancêtres jusqu'au milieu du XXe siècle.
Qui
plus est, Al-Walid était très généreux.
Ses invités s'asseyaient autour de festins dignes d'un petit
village, composés d'agneau rôti, de monticules de riz et
d'un assortiment de jus de fruits. Al-Walid, obsédé par
sa santé et suivi à plein temps par des médecins,
prenait des repas végétaliens spécialement
préparés pour lui. Lorsque ses convives avaient
consommé leur part de nourriture, Al-Walid invitait les
habitants pauvres de la région à venir pour finir les
plats.
Il
emmenait ensuite ses invités se promener dans les dunes et
observer les étoiles autour d'un feu. Le cadre n'avait
pourtant rien de rustique. Lorsque le prince et son groupe se
retiraient dans les tentes, ils y trouvaient des télévisions
à écran plat et des caravanes dotées de salles
de bains rutilantes et de douches thermales.
Peu
après l'appel, Al-Walid a quitté le campement du désert
dans sa propre voiture pour rentrer à Riyad. Arrivé à
la cour royale plus d'une heure plus tard, un assistant du roi est
sorti lui expliquer que la réunion se déroulerait à
proximité, à l'hôtel Ritz-Carlton. On l'a guidé
vers une nouvelle voiture qui faisait partie d'un grand convoi. «Mon
téléphone, mon sac», a dit Al-Walid, de plus
en plus inquiet. «Ils sont dans la voiture.»
«Oui,
nous vous les apporterons», lui a-t-on répondu.
Coupé du monde, Al-Walid s'angoissait. Ses gardes, son
assistant et son chauffeur ont été installés
dans des voitures séparées. Le trajet n'a pris que
quelques minutes et s'est conclu par une lente remontée de la
grande allée de 400 mètres qui sépare le portail
de sécurité de l'hôtel.
Il
racontera plus tard à ses amis qu'en entrant dans le hall,
entouré du personnel de sécurité de la Cour
royale, il a eu l'étrange impression que l'hôtel était
vide. Les hommes de la Cour royale l'ont conduit à un
ascenseur, puis dans une suite où ils lui ont demandé
d'attendre. Inquiet et un peu ennuyé, il a allumé la
télévision. Les nouvelles annonçaient que des
dizaines d'hommes d'affaires, de membres de la famille royale et de
fonctionnaires avaient été arrêtés pour
suspicion de corruption. Il était le premier arrivé. Le
Ritz n'était plus un hôtel mais une prison de fortune.
Les
rénovations avaient été ordonnées
quelques heures plus tôt seulement. Tard, le vendredi 3
novembre 2017, une équipe d'ingénieurs du Ritz-Carlton
s'était déployée dans les 9 étages de
l'hôtel et s'était mise à percer les serrures de
200 portes de chambres de l'hôtel. On avait enlevé les
rideaux et démonté les portes de douche. Plusieurs
grandes suites ordinairement réservées aux PDG en
visite ou aux princes de la jet-set avaient été
transformées en salles d'interrogatoire.
Le
Ritz-Carlton, conçu à l'origine pour accueillir les
dignitaires en visite, possède une allée bordée
de palmiers qui offre aux premiers ministres et aux présidents
en visite la vue magnifique de sa façade palatiale au moment
de leur arrivée en cortège. Le terrain, qui appartient
à la Cour royale située à proximité,
s'étend sur 52 hectares de douce opulence, avec des pelouses
entretenues et une cour ombragée par des oliviers vieux de 600
ans importés du Liban. En visitant le hall d'entrée
orné de marbre, les visiteurs sont reçus avec un grand
étalage de fleurs, des sculptures spectaculaires d'étalons
et la légère odeur d'encens oud brûlant
sur les tables où certains Saoudiens parfument leurs
couvre-chefs, appelés shemaghs. Le président
Barack Obama a séjourné sur les lieux en 2014 et le
président Donald Trump a logé non loin de là,
pendant deux jours lors d'une visite clinquante suivant son
investiture.
Arrivée
cette nuit-là, une équipe d'agents de renseignement et
de membres de la Cour royale s'est dirigée d'un pas vif vers
l'intérieur et a investi l'hôtel. Les gardes se sont
répartis à chaque étage et ont surveillé
les sorties. Le personnel de l'hôtel a reçu l'ordre
d'expulser toute personne se trouvant encore dans le bâtiment
et d'annuler les réservations à venir.
«En
raison d'une réservation imprévue par les autorités
locales qui nécessite un niveau de sécurité
élevé, nous ne pouvons accueillir de clients jusqu'au
rétablissement des opérations normales», a
déclaré un concierge, en lisant un script, à un
homme d'affaires dont la réservation était prévue
quelques jours plus tard. À l'aube, les invités
spéciaux commençaient à arriver.
Pendant
les premières nuits, de nombreux détenus devaient
rester dans une pièce fonctionnelle avec des pauses pour aller
aux toilettes, toujours accompagnés d'une escorte armée.
Certains d'entre eux avaient, dissimulés dans les plis de
leurs robes, des téléphones portables de secours, car
leurs gardiens avaient interrompu leur fouille après avoir
confisqué un téléphone à chaque homme.
Des photos clandestines prises cette nuit-là montrent des
hommes résignés, allongés sur de minces matelas,
enveloppés de couvertures colorées bon marché.
Toutefois, ces images ne montrent pas clairement qu'il s'agit des
hommes les plus puissants du monde arabe: héritiers potentiels
du trône, magnats milliardaires, ministres et une dizaine de
princes. Certains détenaient des secrets qu'il fallait percer.
Presque tous possédaient des richesses inimaginables,
lesquelles étaient, selon les nouveaux pouvoirs en place, le
fruit de plusieurs décennies de corruption.
La
liste était quasi infinie et comprenait même Miteb ben
Abdallah Al Saoud, fils de l'ancien roi et puissant chef de la Garde
nationale saoudienne – une branche spéciale des forces
armées conçue pour protéger la famille royale de
toute menace, avec 125.000 hommes stationnés dans tout le
pays. L'un de ses rôles consistait à déjouer les
coups d'État militaires. À présent, son chef,
autrefois considéré comme un héritier potentiel
du trône, était retenu contre son gré.
Les
tout premiers jours, plus de 50 personnes ont été
arrêtées. Au bout de quelques semaines, plus de 300
autres seront «enregistrés» au Ritz et dans
d'autres lieux sécurisés de Riyad.
Ces
arrestations étaient l'œuvre d'un comité
anti-corruption, jusqu'alors secret, créé par décret
du roi. Le procureur général saoudien a annoncé
qu'il cherchait à obtenir la restitution de 100 milliards de
dollars issus de la corruption et du vol mis en place depuis des
dizaines d'années.
Bien
que menées au nom du roi Salmane, les arrestations des hommes
les plus riches et les plus puissants d'Arabie saoudite avaient été
organisées par le sixième fils du roi, Mohammed. Trois
ans plus tôt, son nom était inconnu même des
observateurs saoudiens les plus avertis. Aujourd'hui, le nouveau
prince héritier prenait d'assaut non seulement l'Arabie
saoudite mais aussi le monde entier.
Une
équipe de tailleurs internes confectionnait des robes blanches
identiques pour les prisonniers. Les détenus pouvaient
regarder la télévision et passer des appels
téléphoniques hebdomadaires sous surveillance. La
baignade dans la grande piscine carrelée, sous un dôme
orné d'un ciel bleu et de nuages, était autorisée,
mais seulement pour deux détenus à la fois. Il était
interdit de parler.
Les
interrogatoires pouvaient commencer à tout moment. À 2h
du matin, les prisonniers étaient réveillés en
sursaut et on leur signifiait que le moment était venu de
parler. Pour nombre d'entre eux, cet isolement et l'humiliation
d'être interrogés pendant plusieurs heures par des
officiers de la Cour royale étaient un véritable
supplice.
Certains
de ces hommes avaient le sentiment d'avoir joué un rôle
dans la construction du royaume. Outre les magnats de la
construction, il y avait le propriétaire d'une agence de
voyage, qui avait aidé des milliers d'étudiants
saoudiens à poursuivre leurs études aux États-Unis
et en Europe, et un ministre qui avait contribué à
moderniser les systèmes de santé et financiers du pays.
Certes, ils s'étaient enrichis au passage, allant parfois
jusqu'à transgresser la lettre de la loi saoudienne. Mais
personne ne les avait jamais qualifiés de criminels. En effet,
beaucoup de transactions, considérées aujourd'hui par
Mohammed comme des méfaits, avaient été
approuvées par les adjoints les plus proches du roi précédent,
voire par le roi lui-même. Leurs actes étaient alors
jugés acceptables, mais les règles avaient changé.
Des
rumeurs de violences physiques et de torture ont circulé. Le
général de division Ali Al Qahtani, chef de la sécurité
de son codétenu Turki ben Abdallah Al Saoud, ancien gouverneur
de Riyad et fils de l'ancien roi, a craché sur ses
interrogateurs, remettant en cause leur autorité. Les rares
détenus à savoir ce qui s'était réellement
passé ont fini par mourir en captivité. L'Arabie
saoudite a maintes fois démenti les allégations d'abus
et de torture des personnes interrogées.
Le
plus souvent, les prisonniers ont acquiescé. Privés
d'argent et de pouvoir, ils n'étaient plus que des êtres
humains confrontés à des menaces physiques qu'ils
étaient loin d'imaginer. Pour faire davantage pression sur
Al-Walid, Mohammed a jeté son jeune frère, Khaled ben
Talal, en prison. Les accusations de corruption n'ont pas été
diffusées sur la place publique ni admises par les détenus;
les arrangements sont restés privés.
Les
arrestations au Ritz étaient d'autant plus choquantes que,
quelques jours auparavant, ce même hôtel, ainsi qu'un
centre de conférence voisin, avait accueilli les plus grands
noms de la finance, de la politique et des affaires internationales
pour un événement de trois jours surnommé le
«Davos du désert» par ses organisateurs.
Cet événement était annoncé comme le
dévoilement d'une nouvelle Arabie saoudite, une ouverture de
la part d'un pays autrefois isolationniste visant à démontrer
son entrée dans le monde des affaires.
Le
30 octobre, dans le grand hall en marbre, le plus grand gestionnaire
de capitaux au monde, Steve Schwarzman, fondateur de Blackstone, se
tenait dans un coin, tandis que Tony Blair, debout à un autre
autre coin de la pièce, exposait les projets de Mohammed
devant une foule de banquiers. L'investisseur Tom Barrack, un
conseiller clé du président Trump pour le Moyen-Orient
et fondateur de Colony Capital, installé avec son entourage,
échangeait des cartes de visite avec un flux de visiteurs. Le
chef du Trésor de Trump, Steve Mnuchin, dînait avec sa
femme au Hong, le restaurant chinois haut de gamme du Ritz-Carlton.
Masayoshi Son, fondateur de la société japonaise
SoftBank, occupait l'une des suites qui servirait dans quelques jours
à la détention d'un prince.
La
juxtaposition saisissante entre le «Davos
du désert» et la transformation du Ritz en prison
– de même que le retournement de fortune de tant d'hommes
extraordinairement riches – font de cette répression un
événement singulier dans l'histoire récente de
la politique et de l'économie. Jamais autant de milliardaires,
de titans de la finance, capables de remuer ciel et terre grâce
à leur immense fortune, n'avaient aussi abruptement été
privés de leur liberté et de leur trésor.
Avec
le recul de 2020, et après la libération de la
quasi-totalité des détenus et la saisie de dizaines de
milliards de dollars en liquidités et en actifs par le
gouvernement de Mohammed, il apparaît clairement que ces
événements ont révélé la véritable
nature de Mohammed ben Salmane. Plus encore que son programme de
réformes et ses plans de transformation économique, les
arrestations du Ritz ont mis au jour ce qui était alors
largement occulté aux yeux des observateurs, des diplomates et
d'une grande partie de sa propre famille: sa nature rusée, son
amour du grandiose, son goût du risque et son côté
impitoyable. Jusque-là, Mohammed aurait pu être un
réformateur progressiste dans la tradition des cinq rois qui
ont précédé son père. Chacun d'entre eux
possédait son propre style de leadership mais aucun n'aurait
envisagé de dynamiter les institutions pour remodeler l'avenir
du pays. Le geste agressif du Ritz, que beaucoup d'Occidentaux
appelleront le «sheikhdown», marque le moment où
Mohammed a déposé un tas d'explosifs sous le statu
quo et l'a réduit en miettes.
Avant
même que l'on ait eu le temps de balayer les débris, il
avait pris le contrôle de toutes les branches de l'armée,
de la police, des agences de renseignement et de tous les ministères.
Sans compter les participations majoritaires qu'il détenait
dans les plus grandes entreprises du pays par le biais de holdings
gouvernementales. Même s'il n'était pas roi, il comptait
parmi les hommes les plus puissants de la planète... Tout le
monde
attendait la mort du roi. Nous sommes en décembre 2014.
Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, le sixième membre de la
troisième dynastie des Al Saoud qui a régné sur
l'Arabie saoudite, s'éteignait dans un lit d'hôpital en
plein désert dans la périphérie de
Riyad.
Abdallah a toujours aimé le désert. Il s'y
rendait pour méditer, à mesure qu'il avançait en
âge, pour échapper à la circulation dans la
capitale, aux files d'attente de ceux qui lui réclamaient des
faveurs ainsi qu'aux interminables déceptions d'un
gouvernement brisé qu'il ne parvenait pas à propulser
dans la modernité. Dans le désert, les nuits d'hiver
sans lune faisaient remonter le souvenir des histoires de son père,
le fondateur du royaume, Abdelaziz, qui avait combattu à dos
de chameau pour conquérir l'Arabie. Cette époque était
plus simple.
La nation saoudienne avait 83 ans – elle
était plus jeune que le nonagénaire Abdallah. Pendant
la quasi totalité de sa jeunesse, c'était un royaume
peu peuplé et peu relié à l'extérieur, si
ce n'est les pèlerins qui venaient visiter les villes
islamiques saintes de La Mecque et de Médine. Un quart des
peuples de la terre se tournent vers la Kaaba, située au cœur
de La Mecque, pour prier et aspirent à s'y rendre au moins une
fois dans leur vie.
À ses 40 ans, un changement rapide
s'est mis en marche. La découverte d'un océan de
pétrole sous les sables du désert a permis de
transformer des villes aux murs de boue en métropoles modernes
abritant des gratte-ciel et des centres commerciaux. Pourtant,
l'austérité du courant islamique né
dans le pays, appelé wahhabisme d'après
l'ecclésiastique Mohammed ben Abdelwahhab, son fondateur au
XVIIIe siècle, constituait toujours le pivot de la
vie quotidienne. Les criminels étaient décapités
sur les places publiques et des officiers désabusés du
Comité pour la promotion de la vertu et la prévention
du vice, ou ha'ya, arpentaient les rues guettant la moindre
infraction, telles que le manquement d'une femme à
l'obligation de se couvrir entièrement les cheveux et le
corps. Si les infrastructures se sont modernisées dans les
décennies qui ont suivi, la société et la
politique demeuraient si obstinément conservatrices que de
nombreux visiteurs avaient l'impression de remonter le
temps.
Parallèlement, dans les années 2000, les
Saoudiens comptaient parmi les populations les plus connectées
à Internet à travers le monde. Disposant des fonds
nécessaires à l'achat de smartphones et manquant
de lieux de rencontre, la jeunesse émergente passait plusieurs
heures par jour sur Twitter, Facebook et YouTube. Les jeunes
connaissaient toutes les facettes de la culture pop occidentale, même
s'ils ne pouvaient l'adopter dans leur pays. L'Arabie saoudite avait
depuis longtemps interdit les concerts, les cinémas et les
rencontres en public entre hommes et femmes célibataires.
Pour
Abdallah, qui a accédé au trône en 2005, diriger
le royaume était un lourd fardeau, avec un programme quotidien
inspiré du Moyen Âge. En effet, les rois saoudiens
tiennent leur cour tout en recevant un fleuve de roturiers, de
ministres et de conseillers et en posant pour des photos en compagnie
des présidents et premiers ministres en visite, installés
dans les canapés de leurs palais fastueux et dorés. Les
serviteurs du roi, sa famille et ses ministres voient défiler,
par dizaines de milliers chaque année, des pétitionnaires
souffrant de problèmes de santé, se débattant
dans des litiges ou implorant l'allègement de leur
dette.
Après une vie de tabagisme, de repas copieux, de
problèmes dorsaux, de diabète et de problèmes
cardiaques, Abdallah ne pouvait plus passer ses soirées étendu
sur des coussins dans les tentes du désert aménagées
par ses ouvriers, pourvues d'électricité et de
téléviseurs grand écran. Depuis une série
d'opérations chirurgicales en 2010, sa santé s'était
détériorée et, en novembre 2014, un de ses
principaux députés, son neveu le prince Mohammed ben
Nayef Al Saoud, avait demandé l'avis d'un ami médecin
aux États-Unis: «Quel pronostic pour le cancer du
poumon?» Le médecin lui avait alors demandé
le degré d'avancement du cancer.
Personne
n'en avait encore informé Abdallah, avait précisé
le prince, mais le cancer était au stade 4. «Pas plus
de trois mois», lui avait répondu le médecin.
Moins de huit semaines plus tard, Abdallah était transporté
dans un hôpital de fortune monté sur le sable, branché
à des moniteurs et à des perfusions intraveineuses,
tandis que ses courtisans et plus d'une dizaine de ses fils –
bon nombre d'entre eux étaient des hommes d'âge moyen,
plus ou moins vénaux – se démenaient pour décider
de la suite à donner aux événements.
Ces
hommes savaient que la mort d'un roi saoudien marque un important
transfert de richesse et de pouvoir. Chaque passation de pouvoir dans
l'histoire du pays avait entraîné un bouleversement chez
les lignées rivales remontant toutes à Abdelaziz Al
Saoud, connu en Occident sous le nom d'Ibn Saoud, le premier roi de
ce qui est aujourd'hui l'Arabie saoudite et dont les successeurs
étaient tous ses propres fils.
À
chaque règne, le roi rend ses fils presque intouchables. Ils
reçoivent d'énormes sommes d'argent sans compter les
autres avantages qui se chiffrent en milliards de dollars. Ils se
voient souvent confier des rôles influents, supervisant des
branches du gouvernement ou de l'armée.
Pourtant,
Abdallah avait privé ses fils d'une partie du flot habituel de
richesses et, pendant longtemps, du pouvoir politique. Le roi avait
octroyé à ses enfants des allocations mensuelles,
totalisant plusieurs millions de dollars par an, en plus du privilège
de disposer de jets privés mais ils n'avaient pas eu accès
aux milliards de dollars accordés à certains de leurs
cousins. Sentant que sa famille élargie perdait pied, Abdallah
avait mis un terme à l'ère des excès effrénés
des Al Saoud, à commencer par ses propres enfants.
Les
fils d'Abdallah avaient eu en permanence le sentiment de décevoir
leur père. Dans les années précédant sa
mort, Abdallah a envisagé d'en placer un dans la ligne de
succession pour le trône, mais il se retrouvait sur son lit de
mort sans savoir si l'un d'entre eux était apte à
gouverner. Miteb, qu'Abdallah avait placé à la tête
de la Garde nationale, semblait davantage intéressé par
ses chevaux de course que par son travail et confiait à des
adjoints la majeure partie de la gestion de la Garde nationale.
Lorsque Turki ben Abdallah, un ancien pilote de l'armée de
l'air, devenu brièvement gouverneur de Riyad, est venu voir
son père à l'hôpital à la fin de sa vie,
Abdallah s'est adressé énergiquement au personnel
médical, composé de médecins et d'infirmières
de haut niveau, tous venus des États-Unis et d'Europe. «Voici
mon fils, le pilote de F15», leur a-t-il dit, en marquant
une pause pour respirer. «Voyez comme il est gros.
Pensez-vous qu'il puisse entrer dans un F15?»
Les
fils craignaient que la passation de pouvoir de Abdallah à un
nouveau roi ne menace leurs ambitions. Ils n'avaient pas encore eu de
réelle occasion de s'enrichir, et si le mauvais membre de la
famille devenait roi, jamais ils ne le pourraient. Ils savaient bien
qu'après une succession en Arabie saoudite, les flux d'argent
se déplacent vers la famille du nouveau roi et, le temps
passant, les fils du roi précédent – à
l'instar des fils de ses prédécesseurs – voient
leur pouvoir diminuer et leurs revenus s'amenuiser. À maintes
reprises, les fils d'Abdallah avaient assisté à ce
genre de situation. Qu'étaient devenus les ben Khalid, les
enfants du roi Khalid, qui a régné de 1975 à
1982? On n'en entendait presque plus parler.
La
lutte pour le pouvoir entre frères, neveux et cousins est
inscrite au cœur même du système de gouvernance
instauré par le fondateur du royaume. Les quelque trois
dizaines de fils d'Ibn Saoud, issus d'un cortège d'épouses
et de concubines, avaient atteint l'âge adulte au fil de
plusieurs décennies, formant ainsi une lignée
successorale naturelle qui fonctionnait grâce à leur
écart d'âge pouvant parfois couvrir plusieurs
générations. Le plus âgé d'entre eux était
né vers 1900 et le plus jeune vers 1947.
Ibn
Saoud est décédé d'une crise cardiaque dans son
sommeil en 1953, léguant le trône à son fils
aîné, Saoud. Onze ans plus tard, ce roi débauché
fut forcé par ses frères à céder le trône
à l'un de ses cadets. Depuis lors, la couronne est passée
d'un frère à l'autre; les fils d'Ibn Saoud décidant
tous ensemble d'un héritier par le choix du frère aîné
qu'ils estimaient digne de régner. Les frères connus
comme les Sept Sudairi, fils d'Ibn Saoud et de son épouse
préférée, Hussa Al Sudairi, étaient
particulièrement puissants mais, pendant 60 ans, chacun des
fils d'Ibn Saoud espérait devenir roi un jour. C'était
le genre de spéculation à laquelle un prince pouvait se
livrer avec son entourage pendant les heures passées dans les
palais ou sur les yachts. En 2015, la plupart des fils étaient
( SUITE DANS LE LIVRE )
_ LA FAMILLE _
LES AL SAOUD
Le
roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, fils du fondateur du royaume et
père de Mohammed ben Salmane
Le
prince héritier Mohammed ben Salmane Al Saoud
Le
prince Khalid ben Salmane Al Saoud, frère cadet de Mohammed et
ancien ambassadeur aux États-Unis
Sultana
bint Turki Al Sudairi, première épouse du roi Salmane
Fahdah
bint Falah al-Hithlain, troisième épouse du roi Salmane
et mère de Mohammed ben Salmane
Le
prince héritier Moukrine ben Abdelaziz Al Saoud, demi-frère
du roi Salmane et un temps héritier présomptif
Le
prince héritier Mohammed ben Nayef Al Saoud, neveu du roi
Salmane et fonctionnaire chargé de la lutte contre le
terrorisme proche du gouvernement américain
Le
roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, demi-frère du roi Salmane
et son prédécesseur
Le
prince Miteb ben Abdallah Al Saoud, fils du roi Abdallah et ancien
chef de la Garde nationale d'Arabie saoudite
Le
prince Turki ben Abdallah Al Saoud, septième fils du roi
Abdallah
Le
prince Badr ben Farhan Al Saoud, un prince d'une branche éloignée
de la famille, ministre de la Culture, et ami de longue date de
Mohammed ben Salmane
Le
prince Abdallah ben Bandar Al Saoud, prince, ami de longue date de
Mohammed ben Salmane et chef de la Garde nationale d'Arabie saoudite.
Le
prince Sultan ben Turki Al Saoud fils d'un des frères du roi
Salmane, au parler franc dont les positions critiques lui ont
occasionné des problèmes avec les membres les plus
puissants de la famille.
LE
PALAIS
Khalid
Al Tuwaijri, chef de la cour royale du roi Abdallah
Mohammed
al-Tobaishi, chef du protocole du roi Abdallah
Rakan
ben Mohammed Al Tobaishi, chef de protocole de Mohammed ben Salmane
et fils de Mohammed Al Tobaishi
Mohammed
ben Mohammed Al Tobaishi, chef du protocole de Mohammed ben Salmane
et fils de Mohammed Al Tobaishi
L'ENTOURAGE
DE MBS
Bader
Al Asaker, associé de longue date de Mohammed qui dirige sa
fondation privée
Saoud
Al Qahtani, conseiller de Mohammed chargé de la répression
de la dissidence
Turki
Al Sheikh, compagnon de longue date de Mohammed, qui a introduit des
événements sportifs et des spectacles étrangers
en Arabie saoudite
LA
RÉGION
Mohammed
ben Zayed Al Nahyan, prince héritier d'Abou Dhabi
Tahnoon
ben Zayed, conseiller à la sécurité nationale
d'Abou Dhabi
Tamim
ben Hamad Al Thani, émir du Qatar
Hamad
ben Khalifa Al Thani, ancien émir du Qatar
Abdel
Fattah El Sisi, Président d'Égypte
Saad
Hariri, Premier ministre du Liban
Recep
Tayyip Erdoğan, président de la Turquie
LES
RÉSIDENTS DU RITZ
Le
prince Al-Walid ben Talal Al Saoud, cousin de Mohammed et le plus
célèbre homme d'affaires saoudien à l'étranger
Adel
Fakeih, homme d'affaires saoudien devenu ministre de l'économie
et de la Planification
Hani
Khoja, consultant en gestion saoudien
Mohammed
Hussein Al Amoudi, homme d'affaires saoudien propriétaire
d'actifs en Éthiopie
Ali
Al Qahtani, général
Bakr
ben Laden, descendant de la célèbre famille de
bâtisseurs
LES
CRITIQUES
Jamal
Khashoggi, chroniqueur ayant longtemps travaillé pour le
gouvernement saoudien et souvent critiqué
Omar
Abdelaziz, un dissident établi au Canada qui attaque le
gouvernement dans ses vidéos sur Internet
Loujain
Al Hathloul, militante des droits des femmes qui a enfreint la loi
saoudienne en essayant de passer la frontière du royaume en
voiture depuis les Émirats arabes unis
LE
GOUVERNEMENT AMÉRICAIN
Le
président Donald Trump
Jared
Kushner, époux d'Ivanka Trump et conseiller du président
Steve
Bannon, ancien conseiller de Trump
Rex
Tillerson, ex-PDG d'ExxonMobil, puis secrétaire d'État
américain
LES
HOMMES D'AFFAIRES
Jeff
Bezos, fondateur et PDG d'Amazon.com
David
Pecker, PDG d'American Media, qui publie le magazine National
Enquirer
Ari
Emanuel, agent hollywoodien et cofondateur de l'agence de talents
Endeavor
Masayoshi
Son, PDG de l'investisseur technologique japonais SoftBank
Rajeev
Misra, responsable du Vision Fund de SoftBank
Nizar
Al Bassam, négociateur saoudien et ancien banquier
international
Kacy
Grine, banquier indépendant et homme de confiance d'Al-Walid
ben Talal
Note
sur l'attribution des noms: selon la convention saoudienne, un homme
est identifié par un système de nom patrilinéaire.
Mohammed ben Salmane signifie Mohammed, fils de Salmane. Son père
est Salmane ben Abdelaziz, car son père est Abdelaziz ben
Saoud (connu sous le nom d'Ibn Saoud), le fondateur de l'actuelle
dynastie des Al Saoud. «Al Saoud» désigne le nom
de famille.
UN
ARBRE GÉNÉALOGIQUE SOMMAIRE
Les Al Saoud sont l'une des plus grandes familles royales au monde, avec
des milliers de membres descendant du fondateur de la dynastie
actuelle, Abdelaziz, qui a eu des dizaines de fils et de filles. Tous
les rois d'Arabie saoudite, depuis la mort de ce dernier en 1953,
sont issus de ce groupe de fils, et beaucoup d'entre eux ont eu, à
leur tour, des dizaines d'enfants. Le prince héritier Mohammed
ben Salmane est destiné à devenir le premier roi issu
de la troisième génération. Une remarque sur son
nom: «ben» signifie «fils de». Mohammed ben
Salmane est le fils du roi Salmane. Le roi, quant à lui, est
Salmane ben Abdelaziz, puisque son père est le roi Abdelaziz.
Source: Michael Field, chercheur sur les familles du Golfe, et divers
entretiens.
~ Table ~
5................
_ Critiques Presse _
9................
_ Avant-Propos _
12..............
_ Distribution
des personnages _
19..............
_ Prologue _
28..............
_ 1 _ Le Roi est mort
45..............
_ 2 _ M.B.S.
65..............
_ 3 _ Une grande fête aux Maldives
90..............
_ 4 _ «Je suis le cerveau»
103............
_ 5 _ «Amenez-moi Mc Kinsey»
125............
_ 6 _ Capitaine Saoud
134............
_ 7 _ Des Milliards
152............
_ 8 _ Mini Sparte
170............
_ 9 _ Le gambit doré
180............
_ 10 _ Blocus
195............
_ 11 _ Le dernier baiser
207............
_ 12 _ Les arts sombres
221............
_ 13 _ Le « Davos du Désert »
231............
_ 14 _ Sheikhdown
247............
_ 15 _ Le kidnapping du PM
du Liban