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C'est en tentant de coordonner l'histoire des rois d'Israël à celle des pharaons égyptiens qu'Immanuel Velikovsky avait fait sa plus grande découverte: celle du Papyrus d'Ipuwer qui raconte lui aussi les plaies d'Egypte bibliques.
Préface
Le Désordre des Siècles fut conçu au moment où je me suis rendu compte qu'un cataclysme s'était produit à l'époque de l'Exode biblique et que cette catastrophe pourrait bien être le lien entre les histoires d'Israël et celle d'Egypte, à la seule condition que d'anciens textes égyptiens contiennent des références à un événement similaire.
J'ai trouvé ces textes et élaborai en peu de temps la reconstruction de l'histoire antique depuis l'Exode jusqu'à la conquête d'Alexandre le Grand.
Dès le mois d'octobre de la même année, j'avais réalisé la nature et l'étendue de ce désastre. Au cours des dix ans qui suivirent, je menai de front deux tâches en écrivant parallèlement Mondes en Collision1 et Le Désordre des Siècles, ce qui me réclama un effort titanesque.
Le Désordre des Siècles couvre largement la période concernée par Mondes en Collision : les 800 années comprises depuis l'Exode des juifs jusqu'à l'invasion de la Palestine par Sennachérib en 687 av. JC, et trois siècles et demi supplémentaires jusqu'à Alexandre le Grand, soit au total 1200 ans de l'histoire de l'Orient. A la différence du Mondes en Collision dédié à l'aspect matériel de cette période, Le Désordre des Siècles traite des aspects politiques et culturels. Et cette catastrophe naturelle gigantesque permet de reconstruire ici une nouvelle chronologie de l'histoire antique. J'ai analysé les archives d'un pays à un autre et d'une génération à une autre, en rassemblant allusions et indices, évidences et preuves.
Me trouvant dans l'obligation de les classer, j'ai écrit ce livre comme un roman policier : il est de notoriété publique que dans le travail d'un détective, les associations inattendues sont souvent construites sur d'infimes détails comme les empreintes digitales sur le comptoir d'un bar, un cheveu sur la tablette d'une fenêtre ou des allumettes dans les buissons. Des détails de nature archéologique, chronologique ou paléographique peuvent paraître insignifiants, mais ils représentent en fait les empreintes digitales laissées par l'histoire des nombreuses nations et générations impliquées. Ces récits ne sont pas inclus dans ce livre pour en rendre la lecture difficile, mais parce qu'ils sont nécessaires pour poser les bases de la thèse majeure de ce livre. Donc, toute tentative visant à lire cet ouvrage de façon superficielle sera stérile.
Après la publication de Mondes en Collision qui décrit les deux actes d'un drame céleste et terrestre ( restitué d'après la mémoire collective ), il eut été sage de ma part de renforcer ma position en poursuivant par une étude géologique et paléontologique des traces laissées par ces mêmes événements sur la terre. Ce fut donc une grande tentation de poursuivre la rédaction de Mondes en Collision afin de prouver encore et encore, et sous de nouveaux angles, que des cataclysmes se produisirent réellement et modifièrent en profondeur la lenteur de l'évolution naturelle, organique ou inorganique.
En fait, depuis la publication de Mondes en Collision, j'ai consacré mes efforts à mettre en ordre les preuves généalogiques et préhistoriques afin de renforcer l'évidence de la catastrophe cosmique. J'ai pu alors écrire Les Grands Bouleversements Terrestres sans me soucier de la tempête soulevée par mon premier livre.
Mais je constatai que les thèses présentées dans ce nouveau volume ne suscitaient pas un accueil favorable, ni même une simple lecture, en particulier de la part de ceux qui s'y opposaient le plus violemment. Etait-ce bien utile de fournir à la hâte d'autres preuves ? Après d'autres réflexions sur ma stratégie, je décidai d'écrire Le Désordre des Siècles que je considère majeur. Après avoir perturbé la complaisante tranquillité d'un groupe puissant d'astronomes et de scientifiques, je propose à présent un défi majeur aux historiens avec Le Désordre des Siècles. Ce travail leur posera autant de problèmes que Mondes en Collision en créa aux astronomes. Les historiens auront sans doute encore plus de difficultés psychologiques à revoir leur position face au nouvel ordre de l'histoire antique proposé ici. Un étudiant qui a suivi ce travail depuis les premières ébauches fut du même avis. Il admit n'avoir aucun argument solide contre cette reconstruction, mais convint qu'il était pour lui presque impossible, psychologiquement, de modifier des idées acquises au cours de dizaines d'années de lecture, d'écriture et d'enseignement.
La tentative de remodeler radicalement l'histoire du monde antique, soit 1200 ans de la vie de nombreux royaumes, sera sévèrement censurée par ceux qui, par leurs enseignements et leurs écrits, se sont déjà profondément impliqués dans la précédente conception de l'histoire. Nombre d'entre eux qui cherchent à imposer leur autorité, ne pourront croire qu'une vérité ait pu demeurer si longtemps cachée, ce dont ils déduiront par conséquent qu'elle ne peut pas être une vérité. Aurais-je du tenir compte des propos abusifs dont fit preuve un groupe de scientifiques en me condamnant en même temps que Mondes en Collision ?
Incapables de prouver que Mondes en Collision contenait des erreurs, ou que les documents cités étaient faux, les membres de ce groupe se permirent des colères indignes d'un statut de scientifique. Ils arrachèrent le livre de mon premier éditeur en menaçant de boycotter toute sa production scolaire. Et, alors que Mondes en Collision était déjà sous presse, l'éditeur avait consenti à le soumettre à la censure de trois éminents scientifiques qui l'avaient approuvé. Quand le nouvel éditeur reprit le livre, le même groupe usa des mêmes menaces pour l'en empêcher. Ils obtinrent même le renvoi d'un scientifique, ainsi que celui d'un directeur littéraire qui prenait ma défense. En conséquence, de nombreux membres des facultés académiques furent contraints à la clandestinité pour lire Mondes en Collision et correspondre avec son auteur.
Les gardiens du dogme furent et sont toujours vigilants pour écraser un nouvel enseignement par des exorcismes et non par de réels motifs. Mais voici une règle simple qui permet de savoir si oui ou non un livre est une imposture : jamais dans l'histoire des sciences une oeuvre frauduleuse n'a soulevé une telle tempête parmi les scientifiques. Comme toujours lorsqu'une nouvelle idée révolutionnaire a été proposée. A présent, aucun chapitre de Mondes en Collision ne requiert d'être corrigé, ni aucune de ses thèses révoquée.
Les changements proposés dans Le Désordre des Siècles sont totalement stupéfiants.
Je réclame le droit à l'erreur dans les détails et accueille chaleureusement la critique constructive. Cependant, avant de proclamer que la structure entière de l'oeuvre doit s'effondrer parce qu'une objection peut être faite contre un point ou un autre, le contestataire devra peser soigneusement ses arguments vis à vis de l'ensemble du schéma, les étayant de toutes les preuves nécessaires. L'historien qui focalise son attention sur la remise en cause d'un détail, au point de négliger l'oeuvre dans son ensemble et d'ignorer les nombreuses évidences qui la soutiennent, fera simplement la démonstration de son étroitesse d'esprit dans son approche de l'histoire. Il sera semblable au « savant consciencieux », le professeur Twist en expédition avec sa femme dans la jungle sur les rives de l'Ogden Nash. Un jour, un guide l'informa qu'un alligator avait mangé sa femme. Le professeur ne put s'empêcher de sourire : « Vous voulez dire un crocodile ? ».
Je crois que les preuves réunies dans Le Désordre des Siècles garantissent la reconstruction historique proposée.
Tôt ou tard, et peut être demain, de nouvelles découvertes archéologiques confirmeront la thèse principale de ce livre. Il deviendra alors incontournable, même au plus paresseux des lecteurs pour lequel seule une prophétie déjà réalisée est un argument valable.
La récente découverte de textes bilingues ( hébreu ancien et pictogrammes hittites ) et par conséquent d'une clé pour traduire les textes indéchiffrables d'Asie Mineure et de Syrie, permet d'espérer la révélation de faits extrêmement intéressants.
N'est-ce pas l'occasion de constater qu'une idée neuve est tout d'abord jugée fausse, et qu'ensuite, lorsqu'elle est acceptée, n'est plus considérée comme neuve ?
Immanuel Velikovsky
Introduction
Ceci n'est pas une narration historique au sens usuel du terme. C'est une suite de chapitres dont chacun est similaire à un procès où des témoins conduits à la barre doivent réfuter une vieille théorie et certifier l'exactitude d'un nouveau concept de l'Histoire antique.
En effet, l'ancienne Histoire de l'humanité, jamais contestée jusqu'à présent, est mise en accusation et une reconstruction nouvelle est présentée. La période concernée couvre plus de 1000 ans et se termine avec l'arrivée d'Alexandre le Grand.
Quand la perspective historique est déformée, des choses étonnantes se produisent : imaginez ce qui se passerait si on étudiait l'histoire de l'Europe et des Etats-Unis avec un décalage de 600 ans dans les dates anglaises ! L'Europe et l'Amérique se trouvant par exemple en l'an 1940 alors que la Grande Bretagne serait en... 1341. Du coup, le Winston Churchill de 1341 n'aurait pas pu visiter l'Amérique puisque Christophe Colomb ne la découvrit qu'en 1492. Il aurait donc visité un autre pays ( dont la localisation serait un sujet de querelle d'étudiants ) et y aurait rencontré le chef du gouvernement.
Un autre chef d'état américain ( et plus le Franklin Roosevelt de Washington ) aurait vécu dans l'histoire comme cosignataire d'une charte avec le Churchill de Grande Bretagne en 1341. Mais comme les registres américains ont parlé d'un Churchill traversant l'océan au début des années quarante du XXe siècle, l'histoire britannique aurait également mentionné un Churchill II, 600 ans après le premier. Cromwell se serait dédoublé grâce au même procédé. Il aurait vécu 300 ans avant Winston Churchill mais aussi 300 ans après lui, autrement dit 300 ans avant Churchill II.
On se serait battu deux fois lors de la Première Guerre mondiale ainsi que de la Seconde. Après 575 ans, la Première Guerre mondiale ( dans sa seconde version ) aurait succédé à la Seconde Guerre dans sa première version.
Dans la même veine, le développement de la Constitution, la vie culturelle, les progrès de la technologie et des arts apparaîtraient chaotiques. Newton en Angleterre, au lieu de suivre Copernic, en serait devenu l'ancêtre. Jeanne d'Arc aurait vécu l'ancienne tradition des suffragettes de l'ère post-victorienne deux fois à 600 ans d'intervalle confusion grandissante de l'histoire, elle aurait dû faire face aux mêmes risques pour souffrir de la même mort quelques siècles avant le nôtre.
Dans le cas présent, non seulement les îles britanniques auraient eu leur histoire dédoublée et déformée, mais l'histoire du monde entier aurait subi le même sort. Naturellement, cela aurait soulevé des difficultés mais elles auraient été balayées comme des exceptions. Des théories compliquées auraient été proposées et discutées. Si elles avaient été acceptées, elles seraient devenues elles-mêmes de nouveaux et puissants obstacles à une perception correcte de l'histoire.
L'histoire antique est déformée de la même manière : la synchronisation perturbée transforme de nombreux personnages historiques en « fantômes » ou en « moitiés » et en « doubles ». Souvent même, des événements sont dupliqués de nombreuses batailles deviennent des ombres eux-mêmes des fantasmes.
C'est l'histoire égyptienne qui comporte l'erreur principale son ancienneté la coupa de tout contact réel avec les histoires des autres peuples. Et c'est à partir des annales égyptiennes que les peuples d'Assyrie, de Babylone et de Médie relatèrent les événements où ils furent confrontés à l'Egypte sources conservées par ces autres peuples que l'histoire égyptienne reprit, pour la seconde fois, la description des mêmes événements. C'est ainsi que l'histoire de l'Assyrie, de Babylone et de Médie furent perturbées et gâchées « l'empire hittite » est entièrement inventée la période mycénienne est déplacée, la période précédant Alexandre est lacérée les guerriers Spartes et Athéniens, y compris les plus célèbres, apparaissent une fois de plus dans les pages de l'histoire comme des envahisseurs archaïques issus des brumes du passé.
Rétablir la chronologie exacte de l'histoire des peuples antiques est excitant. Sous un nouvel éclairage, on peut voir comment de nombreux documents, présentés dans une perspective historique incorrecte, sont mal interprétés. On lira ainsi l'histoire des plaies d'Egypte du temps de l'Exode racontée par un témoin oculaire égyptien et préservée sur un papyrus.
On sera capable d'établir l'identité des mystérieux Hyksos. On pourra également indiquer le site de leur forteresse Auaris, probablement la forteresse la plus importante de l'ancien temps.
On lira le récit que fit la reine de Saba de son voyage à Jérusalem à l'époque de Salomon. On verra des illustrations représentant ce voyage ainsi que les habitants, animaux et même les plantes palestiniennes.
On aura sous les yeux des photos de la vaisselle, des meubles et des ustensiles du Temple de Salomon, gravés dans les bas-reliefs, par un artiste contemporain.
Suivront ensuite des lettres écrites par les rois juifs de Jérusalem, Jehoshaphat et Achab, le pécheur de Jézabel, ainsi que des lettres signées par des chefs militaires dont nous connaissons les noms grâce aux textes bibliques.
La révision des histoires égyptienne, assyrienne et babylonienne ainsi que celle de la Grèce antique provoque des conséquences d'une envergure plus extraordinaire encore. La chronologie modifiée, sans altérer l'ordre des événements vécus par les Hébreux, enrichit considérablement leurs récits. La durée de l'histoire de l'Egypte puis celle de Babylone, de l'Assyrie, de la Médie, de la Phénicie, de la Crète et de la Grèce, en est modifiée. Le monde antique restructuré présente ainsi des architectures correctement ordonnées dans le temps et l'espace. Et on se rend compte que des rois furent transformés en leurs propres arrière, arrière petits-fils. On décrivit des empires chimériques et on ouvrit des musées afin d'exposer les oeuvres d'art issues de royaumes qui n'ont jamais existé : ces objets d'art datant d'un autre siècle, ou même d'un autre millénaire. C'est le cas de l'empire Hittite et de son art. C'est le cas du peuple Hurrian et de sa langue.
Des universitaires, après de laborieux efforts, ont enregistré des réussites en ignorant leur véritable nature. La langue chaldéenne fut déchiffrée sans que les linguistes réalisent qu'ils lisaient du chaldéen de nombreux manuels concernant la langue carienne furent rédigés sans que les habiles philologues sachent que c'était du carien.
Quand les faits sont remis à leur place exacte dans l'histoire, une brève introduction ne permet pas de mettre en exergue tout ce qui apparaît alors dans de nouvelles perspectives. Quand les gonds de l'histoire mondiale sont déverrouillés, les faits concernant peuples et pays, leur art et leur religion, leurs batailles et leurs trahisons affluent comme d'une corne d'abondance.
Ce livre a sans doute omis de citer quelques réalités et autant d'analogies, mais un travail de pionnier peut difficilement éviter ce genre de défaut.
Chronologie de l'Egypte
par les historiens « classiques »
- 5000 à - 3000 Préhistoire égyptienne
- 3000 à - 2700 Epoque Thinite
- 3000 à - 2900 Ière dynastie
- 2900 à - 2700 IIe dynastie
- 2700 à - 2200 Ancien Empire
- 2700 à - 2600 IIIe dynastie
- 2600 à - 2500 IVe dynastie
- 2500 à - 2400 Ve dynastie
- 2400 à - 2200 VIe dynastie
- 2200 à - 2060 Période Intermédiaire N°1
- 2200 à - 2150 VIIe et VIIIe dynastie
- 2150 à - 2100 IXe dynastie
- 2100 à - 2060 Xe dynastie, début de la XIe
- 2060 à - 1785 Moyen Empire
- 2060 à - 2000 fin XIe dynastie
- 2700 à - 1785 XIIe dynastie
- 1785 à - 1580 Période Intermédiaire N°2
- 1785 à - 1730 XIIIe dynastie et XIVe dynastie
- 1730 à - 1680 XVe dynastie et XVIe dynastie des Hyksos
- 1680 à - 1580 XVIIe dynastie vassaux des Hyksos
- 1580 à - 1070 Nouvel Empire
- 1580 à - 1300 XVIIIe dynastie avec les 4 Aménophis, dont Akhenaton, les 4 Touthmosis et Toutankhamon.
- 1300 à - 1200 XIXe dynastie avec les Ramsès I et II
- 1200 à - 1070 XXe dynastie avec les Ramsès III à XI
- 1070 à - 715 Période Intermédiaire N°3
- 1070 à - 950 XXIe dynastie
- 950 à - 730 XXIIe et XXIIIe dynasties libyennes
- 730 à - 715 XXIVe dynastie
- 715 à - 656 XXVe dynastie éthiopienne
- 656 à - 332 Basse Epoque
- 656 à - 525 XXVIe dynastie saïte
- 525 à - 404 XXVIIe dynastie perse
- 404 à - 343 XXVIIe à la XXXe: fin des rois égyptiens
- 343 à - 332 domination perse puis Alexandre
- 332 à - 30 Epoque Grecque
- 30 à 395 Epoque Romaine
395 à 617 Epoque Byzantine et interdiction de rendre un culte à Amon et aux autres dieux et déesses égyptiens. Début de l'Islam.
~ chapitre 1 ~
A la recherche d'un lien
entre l'histoire de l'Egypte
et celle d'Israël
~ Deux terres et leur passé
La Palestine et l'Egypte sont des pays voisins. L'histoire de l'Egypte remonte à l'antiquité la plus reculée. Quant au peuple Juif, il possède un récit qui ambitionne de décrire la naissance même de sa nation ainsi que son parcours à travers les siècles. D'après ce texte, à l'aube de leur histoire, les Israélites, une simple tribu nomade, migrèrent de Canaan en Egypte où ils se multiplièrent et formèrent un peuple. C'est en Egypte également qu'ils furent soumis à l'esclavage. Leur fuite mouvementée demeure pour eux un souvenir inestimable : leur tradition la cite un nombre incalculable de fois.
D'après les textes égyptiens, aucune trace du séjour des Israélites, ni de leur départ, ne subsiste. Nul ne sait quand l'Exode survint, ni même s'il se produisit vraiment. Selon certains scientifiques, le séjour des Israélites, leur esclavage et leur fuite sont des récits purement mythologiques. L'absence de référence directe à ces événements, que ce soit sur les monuments, ou les papyrus égyptiens, semble en effet confirmer cette théorie. On lui opposa cependant qu'aucun peuple n'inventerait des légendes d'esclavage destinées à nuire au prestige de la nation et que ce récit devait donc posséder une base historique. Les historiens sont divisés sur la date de l'Exode. De nombreuses hypothèses ont été proposées. Depuis plus de 2000 ans cependant, on admet que l'Exode eut lieu durant la période nommée selon l'actuelle terminologie : « le Nouvel Empire » égyptien. L'histoire égyptienne est divisée de la manière suivante :
1 ) La période prédynastique située au néolithique ou à la fin du dernier Age Glaciaire.
2 ) L'Ancien Empire qui vit la construction de la plupart des pyramides : celle de Khéops sous la IVe dynastie, celle de Phiops sous la VIe, qui sont parmi les plus célèbres.
3 ) Durant le premier interrègne, ce fut le chaos : au cours de cette sombre période, l'autorité centrale fut abolie. On ne connaît donc pratiquement rien de la VIIe à la Xe dynastie.
4 )Le Moyen Empire suivit. Il inclut les XIe, XIIe et XIIIe dynasties. C'est sous la XIIe dynastie que l'Egypte féodale fut unifiée. La littérature égyptienne atteignit alors son apogée.
5 ) Vint ensuite une période de désordre qui fut exploitée par des envahisseurs appelés par les Egyptiens Amu, et Hyksos par les auteurs Grecs2. Les rois Hyksos furent les Pharaons de la XIVe à la XVIIe dynastie et leur règne fut impitoyable3. On ne sait pas quelle était leur race.
6 ) Sous le Premier Empire, ils furent expulsés par Ahmôsé ( Amosis I ) qui fonda la XVIIIe dynastie, la plus intéressante de toutes. Elle comprenait la dynastie de Touthmosis I célèbre reine Hatchepsout plus grand des conquérants égyptiens II ; Touthmosis IV des magnifiques temples de Louxor et Karnak IV que se fit appeler Akhenaton, le fameux hérétique. Leurs descendants suivirent fut le jeune roi Toutankhamon, non pas qu'il se soit distingué par son règne, lequel fut obscur, mais grâce à la richesse de son tombeau découvert au début du XXe siècle et au mystère qui entoure le lieu de sa sépulture. Les conditions du déclin de la XVIIIe dynastie sont peu connues. L'histoire rapporte qu'elle fut suivie par la XIXe dynastie, celle de Séti le Grand, de Ramsès II ( le Grand ) et de Merenptah. Mais la période de transition entre la XIXe et la XXe dynastie reste confuse. Ramsès III fut le plus important des rois de la XXe dynastie et le dernier grand empereur de l'ancienne Egypte.
7 ) Les pharaons de la XXVe à la XXXe dynastie furent de petits rois qui n'enregistrèrent rien d'important. Leur époque est appelée la « Basse époque ». On rapporte que certains d'entre eux conduisirent des armées contre la Palestine et Babylone généralement pas égyptiennes mais pour la plupart scripturaires. Certaines de ces dynasties furent libyennes ou éthiopiennes - 525 ) d'autres se trouvèrent sous la domination perse contre les Perses. Le dernier roi autochtone fut déposé par les Perses en - 342. Dix ans plus tard, en - 332, l'Egypte fut conquise par Alexandre le Grand.
8 ) La dynastie ptolémaïque, issue de Ptolémée qui fut un Général d'Alexandre, expira avec Cléopâtre en - 40.
Ce livre couvre la période allant de la fin du Moyen Empire à la conquête de l'Egypte par Alexandre ( voir les paragraphes 5, 6 et 7 ci-dessus ), soit plus de 1000 ans d'histoire du Moyen Orient. On peut observer, à juste titre, que la division en « Empires » est une formule récente4; le répartition en dynasties provient de Manéthon, un prêtre égyptien du IIIe siècle av. JC, qui écrivait en grec : ce sont les universitaires modernes qui jugèrent bon de nommer les empires : « premier », « deuxième » et « troisième ».
On dit que le Nouvel Empire fut constitué vers - 1580 ( lors de l'expulsion des Hyksos sous Kamôsé et Ahmose ) selon toute vraisemblance, Akhenaton régna de - 1375 à - 1358 de - 1300 à - 1234 partir de cette dernière année. Ramses III de la XXe dynastie débuta son règne en - 1200 ou quelques années plus tard. On considère ces datations très importantes pour établir le moment de l'Exode.
Selon la tradition, à partir de l'Exode, l'histoire d'Israël se répartit ainsi : tout d'abord, 40 années de nomadisme dans le désert, ensuite environ 400 ans couvrant la période de Josué, des Juges et de Saül, le premier roi, et enfin l'époque des rois de la Maison de David. A partir de - 1000, David constitua son royaume qui demeura unifié durant une centaine d'années environ sous les règnes de Saül, David et Salomon.
A l'époque des héritiers de Salomon, il fut divisé en deux : Israël au nord et Juda au sud. Vers - 722, après la capture de leur capitale Samarie par Sargon II d'Assyrie, les Dix Tribus d'Israël furent exilées et ne revinrent pas. En - 587 ou - 586, le peuple de Juda, après la destruction de sa capitale Jérusalem par Nabuchodonosor, fut expatrié à Babylone d'où quelques groupuscules de nationaux purent revenir après que la capitale eut été envahie par Cyrus le Perse. D'autres groupes retournèrent en Palestine au cours du siècle suivant. Et Alexandre le Grand, en route pour l'Egypte, conquit la Palestine en - 333.
Malgré la proximité de l'Egypte et de la Palestine, « l'Egypte en vérité fournit singulièrement peu de témoignages en accord avec les récits bibliques5». Les Ecritures parlent du séjour d'Israël en Egypte et de l'Exode mais on ne trouva aucun document égyptien attestant ces faits. A l'époque des Juges, aucune mention biblique n'est faite de l'Egypte. Et cependant, au temps des Rois, la Palestine fut souvent en contact avec l'Egypte - car elle était attaquée par les armées des Pharaons, campagnes que les pharaons du Xe au VIe siècle ne se donnèrent même pas la peine de mentionner.
On trouve étrange que durant plusieurs centaines d'années, aucun lien réel n'ait existé entre les histoires d'Egypte et de Palestine. Au moins, l'Exode des Israélites devrait faire partie des deux récits et fournir ainsi un lien entre eux. Il nous faudra donc déterminer à quelle date il s'effectua. Ou bien l'Exode précéda David de 100 ou 200 ans, ou alors de 300, 400 ou 500 ans. Tout dépend de la durée de l'errance dans le désert et du temps des Juges. En d'autres termes, si les Israélites ont quitté l'Egypte au XVIe, XVe, XIVe, IIIe ou IIe siècle, l'événement se produisit sous le Nouvel Empire. Aucun doute à ce sujet. Cependant, les universitaires se demandent toujours sous quel roi du Nouvel Empire placer l'Exode. Bien que les documents historiques officiels de l'Egypte n'aient fourni aucune précision, ainsi que je l'ai noté plus haut, certains détails prêtent à discussion.
~ Quelle est la date historique de l'Exode ?
La théorie la plus ancienne situe l'Exode à la date la plus récente : on assimila les Israélites aux Hyksos et l'Exode fut confondu avec l'expulsion des Hyksos, lesquels, selon Manéthon, le prêtre cité plus haut, gagnèrent ensuite la Syrie et construisirent Jérusalem6.
Flavius Josèphe, l'historien juif du Ier siècle, bien que critiquant les opinions d'Apion le grammairien et de Manéthon ( sa propre source ) accepta néanmoins et soutint l'idée que les Israélites étaient les Hyksos. Jules l'Africain, l'un des Pères de l'Eglise, se référant à Apion, nota qu'au temps d'Ahmose, les juifs, guidés par Moïse, se révoltèrent7. Un autre Père de l'Eglise, Eusèbe, qui fit dans son canon l'éloge de Cenchéres, l'un des dernier rois de la XVIIIe dynastie ( dont on ignore l'identité ), écrivit : « Vers cette période, Moïse conduisit les Juifs dans leur fuite hors d'Egypte8». Après 1900 ans, ces différentes positions sont d'actualité bien que les scientifiques n'aient pas toujours conscience de poursuivre une ancienne controverse. La négligence des sources chrétiennes primitives paraît excusable : Augustin ne fait-il pas de Moïse et Prométhée des contemporains9?
La similitude des Israélites et des Hyksos10 fut fréquemment reconnue mais rejetée encore plus souvent. Aujourd'hui, certains historiens maintiennent que l'Exode se produisit au début de la XVIIIe dynastie. Pour eux, ce récit n'est rien de plus que l'écho de l'expulsion des Hyksos11. Mais en observant l'esclavage des Israélites en Egypte et celui des Egyptiens sous les Hyksos, il paraît évident qu'assimiler les esclaves martyrisés aux cruels tyrans fut une hypothèse outrée. On proposa donc une variante : selon cette nouvelle théorie, la nation Israélite ne séjourna jamais en Egypte, ce sont les Hyksos qui, en revanche, s'y établirent avant leur départ. On ajouta que les Israélites, ayant eut connaissance des traditions de ce peuple étrange, les adaptèrent aux événements de leur propre passé.
Mise à part l'incongruité d'identifier les Hyksos aux Israélites et les tyrans aux opprimés, une difficulté de plus surgit, due au fait qu'aucun moment favorable ne se présenta aux Israélites fuyant l'Egypte, pour envahir la Palestine qui se trouvait alors occupée par des rois puissants, les pharaons successeurs d'Ahmose. On utilisa le même argument pour soutenir que l'Exode se produisit en - 1580, date de l'expulsion des Hyksos :
« Si l'expulsion des Hyksos est trop éloignée de l'Exode, où donc pouvons-nous trouver dans l'histoire de la puissante XVIIIe dynastie, un moment disponible pour un événement qui, selon l'Exode, présuppose une Egypte affaiblie aux prises à des troubles internes, et ce jusqu'au règne d'Akhenaton ?12».
A l'époque où régnaient les pharaons dans toute leur puissance, il fut impossible aux Israélites d'entrer en Palestine joug de l'esclavage sous des pharaons tout aussi importants ?
De nombreux érudits pensent qu'une autre époque offre la clé permettant de préciser la date de l'Exode. Au XIXe siècle dans la vallée du Nil, en un lieu nommé Tell el-Amarna, les archéologues mirent au jour des tablettes d'argile contenant une correspondance datée de l'époque d'Aménophis III et de son fils Akhenaton. Certaines d'entre elles étaient des lettres anxieuses provenant de Jérusalem ( Urusalim ). Elles avertissaient le pharaon de l'invasion des « Habiru ( Khaburu)13» arrivant de Transjordanie.
En admettant que les Habiru soient les Hébreux, cela place ipso facto l'Exode une ou deux générations plus tôt14. La Bible rapporte en effet ( I Rois 6:1 ) que le Temple de Salomon fut construit 408 ans après l'Exode, ce qui pointe le milieu du XVe siècle. On fixe parfois la date de l'Exode à - 1447. Cette année correspondrait au règne d'Aménophis II, et les invasions de la Palestine en - 1407 coïncideraient avec l'époque des lettres d'el-Amarna.
Les résultats des fouilles de Jéricho apportèrent la preuve de l'agression des Hébreux par les Habiru. Les murs de l'antique cité révélèrent des traces de tremblements de terre et des signes d'incendie que les archéologues datèrent d'environ - 1407, c'est-à-dire l'époque de la correspondance d'el-Amarna15. Ce séisme pourrait avoir causé la chute des murs de Jéricho assiégé par les Israélites après qu'ils eurent traversé le Jourdain.
On tenta d'aménager ces deux propositions : d'une part, Israël quitta l'Egypte au moment de l'expulsion des Hyksos et atteignit la Palestine, comme le firent les Habiru, sous le règne d'Akhenaton. Mais cette hypothèse nécessite plus de 200 ans de nomadisme dans le désert, au lieu des 40 ans cités par les Ecritures, ce qui la rend hautement improbable16. D'autre part, un Exode sous Aménophis II ne présente pas ce genre de difficulté et pourrait donc convenir à la chronologie de la Bible. Néanmoins, selon les égyptologues, cette même époque ne semble pas du tout adaptée à une telle aventure : « Les égyptologues estiment en effet que parmi toutes les théories proposées, celle qui consiste à placer l'Exode sous le règne d'Aménophis II, afin qu'il coïncide avec les dates traditionnelles, semble la moins probable17».
On mit également l'accent sur le fait que la Palestine fut assujettie à l'Egypte jusqu'aux désordres de - 1358 qui mirent fin au règne d'Akhenaton : « Durant sa conquête, Josué ne rencontra pas d'opposition égyptienne18». La fin du règne d'Akhenaton et la clôture de la XVIIIe dynastie sous Toutankhamon et Aye19 augurèrent une période favorable pour la rébellion et la fuite des esclaves. On ne trouve aucune référence pouvant être interprétée comme l'ombre d'un Exode au cours de l'interrègne situé entre la XVIIIe et la XIXe dynastie. Seul une situation dramatique, qui aurait permis un Exode, favorise cette hypothèse.
L'idée fit son chemin dans l'esprit de Sigmund Freud, qui, à la suite de certains historiens20 tenta de démontrer que Moïse fut un prince égyptien, pupille d'Akhenaton, lui-même fondateur de l'idéal monothéiste. Au terme de son règne, quand son schisme fut condamné, Moïse sauva ses enseignements en les transmettant aux esclaves et s'enfuit d'Egypte avec eux. Une autre théorie fait remonter la date de l'Exode à une période ultérieure : la stèle de Merenptah en est la pierre angulaire. Ce roi de la XIXe dynastie a dit de la Palestine « c'est une veuve » et que « la semence d'Israël est détruite ». On considère ce texte comme la première mention d'Israël dans un document égyptien Merenptah ne périt pas noyé, il ne subit pas une débâcle, mais, de toute évidence, il infligea une défaite à Israël et ravagea la Palestine.
La tradition israélite ne relate pas ces circonstances, mais, puisqu'il s'agit de la première mention d'Israël, on considère Merenptah comme le Pharaon de l'Exode ( environ - 1220 ), et Ramsès II, son prédécesseur comme celui de l'oppression21.
Cependant, d'autres érudits pensent que la présence du peuple d'Israël en Palestine non seulement ne confirme pas, mais réfute l'idée que Menerptah fut le Pharaon de l'Exode22. Comment aurait-il pu en être témoin et guerroyer en même temps contre Israël en Palestine ?
On mit en exergue un nouvel obstacle concernant la date de l'Exode sous Merenptah. Si ce dernier fut vraiment le pharaon de l'Exode, les Israélites entrèrent en Palestine une génération plus tard, entre - 1190 et - 1180 au moins. Sous cet angle, un siècle seulement demeure alors disponible pour les événements décrits dans les Juges : « Jusqu'ici, situer l'Exode sous le règne de Merenptah ( 1220 av. JC ) fut généralement considéré comme une simple supposition date trop tardive23».
D'autres scientifiques soutinrent que l'Exode se produisit par vagues successives24. Une combinaison des « spéculations Habiru » et des « théories de Merenptah » situe les événements dans l'ordre suivant : « Quand les Hébreux entrèrent en Canaan, les Israélites se trouvaient encore en Egypte... Tous les Israélites étaient des Hébreux, mais tous les Hébreux n'étaient pas des Israélites. En conséquence, alors que les Israélites des tribus de Jacob vivaient en Egypte, d'autres tribus Hébraïques cognaient aux portes de Canaan<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote25anc" href="https://lejardindeslivres.fr/librairie/lds.htm#sdfo
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