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ISBN 2-914569-22-X EAN 9782 914569 224
La première carte mondiale des fonds marins a été dressée par les sous-marins américains dans le cadre d'un programme top-secret mené pendant la guerre froide par l'agence de renseignements NSA*. Dans les années 1970 les scientifiques ont été totalement surpris lorsque l'US Navy et la NSA ont rendu publique cette carte où la Terre semble avoir été tordue par une main géante.
Cette carte n'était bien entendu pas disponible lorsque Velikovsky a écrit ce livre. En revanche, plus d'un géologue ( de l'époque ) a été étonné par l'incroyable justesse analytique de Velikovsky.
Immanuel Velikovsky
inspire René Barjavel en 1966
et déclenche la censure de
Sciences et Avenir en 2003
Avec son roman La Nuit des Temps, René Barjavel s'était ouvertement inspiré des Grands Bouleversements Terrestres donnant à l'un de ses personnages les traits d'Immanuel Velikovsky :
« Le géographe danois, exulte : il avait toujours soutenu la théorie si controversée d'un basculement du globe terrestre. Il en avait apporté des preuves multiples, qu'on lui réfutait une à une* ».
René Barjavel avait mis en scène une équipe de scientifiques français en mission au Pôle Nord. En effectuant des carottages sous-glaciaires, ils découvrent deux êtres humains, un homme et une femme, gelés mais maintenus en vie par un système complexe dont la technologie leur échappe. Après une série d'aventures toutes plus réalistes les unes que les autres, un groupe de savants internationaux parvient à réveiller la femme, sorte de nouvelle Eve qui leur dessine la carte du monde où elle avait vécu. Stupéfaits, les scientifiques finissent par comprendre qu'entre-temps, la Terre s'était... retournée :
« Un cataclysme brutal a fait tourner la Terre sur un axe équatorial, bousculant les climats en quelques heures, peut-être en quelques minutes, brûlant ce qui était froid, glaçant ce qui était chaud, et submergeant les continents de masses énormes d'eaux océanes arrachées à leur inertie. (...) Les deux Amériques occupent l'écran. Mais le basculement du globe les a mises dans une position étrange. Elles se sont inclinées, celle du Nord vers le bas, celle du Sud vers le haut*».
Tout est dit par « la théorie si controversée d'un basculement du globe terrestre. Il en avait apporté des preuves multiples, qu'on lui réfutait ». En effet, le Dr Velikovsky a payé très cher son audace et personne à l'époque aux Etats-Unis ne s'était précipité pour le soutenir. Comme tous les messagers apportant de mauvaises nouvelles, il a été médiatiquement lynché pour avoir osé dire tout haut ce que les géologues ( y compris Darwin ) n'avaient même jamais osé penser tout bas malgré toutes les preuves accablantes qui s'étalaient au grand jour devant eux.
En psychologie, on appelle cela le « déni ».
La Terre, notre jolie planète bleue, la Gaïa nourricière, n'avait pas pu vivre une chose pareille. C'était impossible.
On ne peut reprocher qu'une seule chose à Immanuel Velikovsky : ne pas avoir pris des gants pour le dire. Il a jeté un pavé dans la mare des géologues et s'est étonné d'avoir été éclaboussé. Néanmoins, depuis 1952, les preuves de ce qu'il affirmait se sont accumulées : au cours des 80.000 dernières années, la Terre s'est renversée au moins à trois reprises. Et sur 600 millions d'années, les pôles ont changé de place plus de 200 fois !
Imaginez quelques instants que notre planète se retourne soudainement et expose en quelques secondes ses flancs auparavant glacés au Soleil et vice-versa... Même aujourd'hui, les paléomagnétistes* essaient d'arranger l'information afin que cela nous effraye le moins possible.
A propos des mammouths par exemple, les scientifiques disent qu'ils « se sont perdus dans un blizzard. Ils n'ont pas été gelés en une fraction de seconde**». Ils n'expliquent pas d'avantage pourquoi les cavernes chinoises, françaises, américaines sont emplies de squelettes de milliers d'animaux terrestres mélangés avec des poissons. Comme d'habitude avec les questions gênantes, on se retrouve avec des explications embrouillées et vagues. Quelles qu'elles soient, Velikovsky ne peut de toute façon qu'avoir tort.
Voici comment la presse « scientifique » se débrouille pour, c'est le cas de le dire, le censurer. Ce n'est même pas l'analyse de l'éditeur mais celle de Marc Lalvée, qui, en 2004, dans le cadre du doctorat en Sciences de l'Information et de la Communication*** à Lille 3 a traité le sujet :
« Mondes en Collision » et « Planète X » dans la presse de vulgarisation scientifique et la presse de vulgarisation ésotérique : Analyse comparative de deux types de communication en action****.
« Le thème que nous avons retenu est l'ensemble des catastrophes naturelles ( volcanisme, séismes, cyclones, raz-de-marée, inondations, astéroïdes, perturbations climatiques, etc. ) sur la période 1993-2003 dans les revues de vulgarisation scientifique Sciences et Avenir et Science et Vie d'une part, et dans diverses revues de vulgarisation ésotérique sur cette période d'autre part ( Facteur X, Le Monde de l'Inconnu, Top Secret ).
La référence dans un article de revue de vulgarisation ésotérique de mai 2003 à un article d'astronomie de Science et Vie de février 2003 ainsi que la parution quasi simultanée de deux dossiers portant sur une thématique commune, l'un dans Sciences et Avenir ( n°680, octobre 2003), l'autre dans la revue de vulgarisation ésotérique Le Monde de l'Inconnu ( « le magazine de l'histoire mystérieuse et de la recherche spirituelle », n°305, 15 septembre - 15 novembre 2003 ) nous fournissent l'occasion de développer une analyse comparative de deux types de communication en action, d'en cerner les formes et les figures, les spécificités propres, les différences et convergences ainsi que les enjeux. (...)
L'un des articles du dossier « Les colères de l'univers » de Sciences et Avenir ( octobre 2003, p. 46-48 ) s'intitule par exemple « Mondes en Collision » et évoque des « planètes nées d'un processus destructeur » ( notamment pour la Terre, par un basculement de l'axe des pôles ) sans qu'à aucun moment dans le dossier ne soit cité l'ouvrage de Velikovsky qui porte pourtant le même titre, traite précisément de ce sujet depuis 1950 et dont une nouvelle édition française est parue en mars 2003. On semble ainsi assister à une sorte d'« appropriation silencieuse » par la vulgarisation scientifique ( par la science ? ) de thèmes rejetés par la communauté scientifique à une certaine époque mais semblant être admis aujourd'hui dans le champ scientifique sans référence aux sources premières ».
C'est formidable n'est-ce-pas ? La revue Sciences et Avenir réalise un dossier « Mondes en Collision » en réussissant à ne jamais citer Velikovsky tout en lui prenant le titre ET le sujet de son livre ! Les lecteurs ne doivent surtout pas être informés de l'existence de ce livre.
Pour Immanuel Velikovsky, les choses pourtant sont très simples d'ouvrir les yeux, les preuves se dressent un peu partout autour de nous, tellement visibles et évidentes, si énormes, que, comme toutes les choses évidentes, on ne les voit pas du premier coup.
En 2004, les géologues ont fini par reconnaître que « Immanuel Velikovsky est le père du catastrophisme », mot il est vrai peu agréable à entendre.
Les Grands Bouleversements Terrestres est un livre dur à lire, dur parce qu'après avoir été traîné dans la boue à cause de Mondes en Collisions, l'auteur s'est efforcé de ne jamais citer des sources littéraires, religieuses et folkloriques afin de ne laisser que des témoignages solides, « les témoignages des pierres » difficilement niables.
Le merveilleux style littéraire de Mondes en Collision a laissé la place ici à un style froid, sans doute en corrélation avec sa thèse sur la glaciation, un style austère, presque universitaire. Mais ce style n'enlève rien à ses analyses qui, même aujourd'hui, ont conservé leur pertinence et leur qualité visionnaire. Ainsi, dans ce livre, Velikovsky affirme que :
- la dernière grande glaciation est beaucoup plus récente qu'on ne le pensait et les changements de climat ont été particulièrement subits ( thème du film « Le Jour d 'après » ).
- toutes les grandes civilisations ( Egypte, Crète, Troie, etc. ) ont été plusieurs fois abattues à la suite de grands cataclysmes.
- de fait, l'Age de Bronze s'est brusquement terminé à la suite de ces catastrophes.
- les inscriptions minoéennes ( linéaire B ) découvertes en Crète sont d'origine grecque. Environ 6 ans après la publication du premier livre de Velikovsky, Michael Ventris finit par décrypter le linéaire B et tomba effectivement sur du grec ancien ou archaïque.
Les Grands Bouleversements Terrestres établissent avec le détachement d'un médecin légiste les traumas subis par la Terre, des tra umas qui ont laissé des traces indélébiles dans nos rochers, dans nos montagnes et sur nos paysages. Grâce à Velikovsky, ces rochers géants posés au milieu d'un champ, à des milliers de kilomètres de la montagne la plus proche prennent une nouvelle dimension, une dimension dramatique.
Voici déjà près de trente ans que la première édition de ce livre prenait place sur les rayons des libraires. Au cours des années qui suivirent, la course à l'espace s'emballa et la compréhension des mystères de l'espace fut comparable à une révélation. La Terre, le système solaire, notre galaxie et tout ce qui l'entoure, jusqu'alors symboles de calme et de sérénité, devinrent soudain des mondes agités.
La Terre n'est pas le jardin d'Eden, subissant une évolution lente, et pacifique sur un nombre incalculable de siècles - pour ne pas dire l'éternité - afin que l'orogénèse1, progressant lentement, prenne fin avec l'ère tertiaire où, pendant des millions d'années, il n'y eut jamais d'autres événements que la chute de grosses météorites...
Pour beaucoup de scientifiques, la Terre a toujours été une planète paisible suivant imperturbablement son orbite sur un calendrier précis, sans changer de latitude et laissant ses sédiments s'accumuler avec une précision digne d'une pesée d'apothicaire pourtant, elle dissimule encore quelques mystères non résolus mais assurés de trouver leurs solutions dans le cadre d'un système où les corps célestes suivent leurs rondes immuables avec la régularité d'une horloge suisse.
La Terre, avec ses marées prévisibles et ses saisons aurait donc été un stade où s'affrontèrent les mammifères, les araignées, les vers, les poissons et les oiseaux. Tous ces êtres auraient évolué uniquement à cause de la compétition entre les espèces, tous descendants d'un ancêtre commun, la créature unicellulaire primitive2. Refusant de croire que de terribles cataclysmes aient pu affecter sa planète, l'homme rangea cette idée au rang de croyance religieuse ou ésotérique avec un Lucifer et une Apocalypse.
Cependant, l'homme découvrit aussi les indices irréfutables témoignant de ce passé terrifiant de sa planète, comme par exemple les cendres d'origine étrangère recouvrant les fonds sous-marins, eux-mêmes entaillés par un immense cañon ( qui traverse tous les océans ) preuve matérielle d'une torsion phénoménale et la Terre, frémissante de douleur, vit la position de ses pôles bouger, puis s'inverser à plusieurs reprises.3
La Lune n'est pas seulement cette planète romantique qui illumine nos nuits, elle est aussi un monde sans vie où règne le chaos avec ses millions de mètres carrés déformés, fondus et boursouflés dont les significations nous échappaient encore. Notre Soleil resplendissant envoie des vagues de plasma vers les planètes voisines qui, pour se protéger contre de telles démonstrations amoureuses, lui opposent leurs ceintures magnétiques. Elles diffusent même des messages par ondes hertziennes pour exprimer les angoisses de leurs âmes inorganiques, ainsi que d'autres signaux radio, résultant du choc de galaxies en collision qui parviennent aussi jusqu'à nous.
Cet univers d'apparence si placide n'est qu'un vaste nuage traversé par des radiations dont certaines sont mortelles, parcouru par des fragments de matières désagrégées, où résonnent des cris d'alarme provenant de toutes les directions.
Le seul sentiment de sécurité tient à la conviction qu'aucun désagrément majeur puisse arriver à l'homme, joyau de la Création, car il est impensable que cela puisse résulter de la décision d'un dieu bienveillant. L'idée que le système solaire vient tout juste de voir la fin des combats entre les dieux ( décrits par les Anciens ) pour entrer dans une phase de calme relatif ( peut-être une très longue période, comparée à une vie humaine ) est un concept très plausible. Plausible l'est aussi celui qui affirme que pour conjurer la plupart de ces périls, une solution appropriée se serait naturellement mise en place ou, qui sait ?, ordonné par une intelligence supérieure et protectrice. En effet, l'ionosphère nous garde des redoutables rayons ultra-violets et d'autres radiations nocives, tout comme le bouclier magnétique ( engendré par la rotation terrestre permanente ) exerce un contrôle sur les rayons cosmiques la Terre ne soit pas le centre de l'univers comme on le croyait il n'y a pas si longtemps, notre planète se déplace à une distance du Soleil qui lui procure une chaleur suffisante afin que sa réserve d'eau ne s'évapore, ni ne gèle en d'autres termes, pour qu'elle conserve une atmosphère humide favorable aux créatures vivantes.
Toutes les formes de vie qui ont évolué pendant les grands bouleversements terrestres se trouvent maintenant dans une ère de prospérité et d'abondance. Quant à l'homme, il conquiert l'Espace mais, frappé d'amnésie, il a oublié les bouleversements tragiques de son proche passé et joue dangereusement avec l'atome après en avoir maîtrisé la fission ancêtre qui inventa le feu en frottant le silex.
Ce livre retrace les catastrophes effroyables subies par la planète Terre au cours de l'histoire : toutes les pages qui suivent sont remplies de pièces à conviction fournies par les montagnes, et dont le puissant témoignage n'a d'égal que le mutisme des cadavres et des squelettes qu'elles contiennent.
Un nombre incalculable d'êtres sont nés sur notre minuscule planète ronde suspendue dans le vide intersidéral. Beaucoup ont connu une mort naturelle, d'autres ont été engloutis au sein des couches tectoniques par de bouleversements monumentaux pendant lesquels les continents et les mers ont rivalisé de fureur destructrice. Les milliards et les milliards de poissons qui peuplaient les océans cessèrent brusquement de vivre et certaines espèces disparurent sans laisser de survivants. D'autres variétés d'animaux s'éteignirent tout aussi brusquement parce que cette terre et cette eau sont soudainement devenues si violentes qu'elles détruisirent une partie du règne animal, humanité comprise.
Il n'y eut ni abri, ni refuge : le sol et la mer changèrent plusieurs fois de place, le premier s'asséchant pour submerger le second. Dans Mondes en Collision4, j'ai décrit deux de ces catastrophes ( les dernières en date ) qui ont ravagé notre Terre, respectivement 2000 ans et 1000 ans avant JC. Sachant que ces bouleversements se passèrent alors que l'écriture avait déjà été perfectionnée par les civilisations anciennes, je me suis servi de documents historiques, m'appuyant sur des cartes des cieux, des clepsydres, des calendriers, des cadrans solaires découverts par les archéologues aussi emprunté des éléments à la littérature classique, aux épopées nordiques, aux multiples sagas toujours vivantes chez les peuples primitifs, de la Laponie jusqu'aux mers du Sud. Je donnais toutes les informations d'ordre géologique concernant les faits cités dans les textes antiques ou rapportés par les traditions orales quand j'estimais que le témoignage immédiat des pierres devait être présenté en même temps que celui de l'Histoire. Je terminais mon enquête en promettant de raconter dans un livre suivant des cataclysmes antérieurs assez semblables, l'un d'entre eux étant le Déluge.
Après avoir rassemblé une documentation importante, j'avais l'intention d'apporter les preuves géologiques et paléontologiques qui auraient étayé ma démonstration. Mais l'accueil réservé à Mondes en Collision par certains milieux scientifiques m'a convaincu qu'avant de présenter ces événements tragiques, il importait de présenter au moins quelques unes des « dépositions » faites par les pierres qui s'imposent avec autant de puissance que celles parvenues jusqu'à nous grâce aux traditions orales, et sous forme d'écrits dont les métaphores ne sont jamais sibyllines : certaines pages de l'Ancien Testament et de l'Iliade se passent de toute interprétation.
Les pierres, les rocs, les montagnes et les fosses sous-marines comparaîtront donc à la barre des témoins. Se souviendront-ils des temps relativement récents où l'harmonie du monde fut troublée par les forces naturelles qui ont enseveli d'innombrables êtres vivants pour les conserver presque intacts dans les roches ? Ces témoins muets ont-ils vu les océans envahir les continents et les terres glisser sous leurs eaux ? Le globe et l'étendue de ses mers ont-ils reçu des pluies de pierres ? A-t-il été couvert de cendres ? Les forêts ont-elles été déracinées par les ouragans, incendiées, submergées par les marées charriant le sable et les débris arrachés aux abîmes marins ?
J'évoque ici une partie de l'histoire du globe terrestre. J'ai supprimé de nombreux passages du Grand Livre de l'Humanité en omettant, intentionnellement, toutes les références à la littérature antique, aux traditions et aux folklores afin que les critiques ne puissent décrier la totalité de mon oeuvre en la qualifiant de « contes et légendes ».
Les pierres et les ossements seront donc mes seuls témoins soient, ils s'exprimeront clairement, sans équivoque. Pourtant, certains lecteurs aux oreilles rétives, ne voulant pas accepter les preuves n'accepteront pas leurs dépositions. Moins la vision des choses sera nette, plus les protestations se feront criardes et obstinées. Mon livre n'a pas été écrit pour ceux qui ne jurent que par les Verba Magistri, seul enseignement acquis au cours de leurs études classiques. Aussi, libre à eux de le dénigrer sans le lire5.
Dr Immanuel Velikovsky
~ 1 ~
Dans le Nord
~ En Alaska
Au nord du mont Mac Kinley - le plus haut sommet de l'Amérique - le fleuve Yukon6 reçoit plusieurs affluents, dont la rivière Tanana. Dans ces vallées, on extrait de l'or et surtout du muck, sorte de masse congelée constituée d'animaux et d'arbres. Voici comment F. Rainey7 de l'University of Alaska, décrit les lieux :
« Dans le district de Fairbanks, de larges coupures, souvent longues de plusieurs kilomètres et parfois profondes de plus de 40 mètres, sont ouvertes le long des vallées tributaires de la rivière Tanana. Afin d'atteindre les veines de gravier, on enlève d'abord une couche supérieure de boue congelée, ou muck, avec des des excavateurs hydrauliques géants. Ce muck contient d'immenses quantités d'ossements d'espèces animales éteintes, telles que le mammouth, le mastodonte, le bison géant et le cheval »8.
Ces espèces n'ont disparu que très récemment. Les dernières estimations situent leur extinction à la fin de l'époque glacière ou peu après. La terre de l'Alaska a recouvert leurs cadavres, mais mélangés à d'autres animaux dont les espèces existent encore !
Qu'est-ce qui a déclenché cette hécatombe au cours de laquelle des millions d'êtres vivants ont été mutilés et mélangés aux arbres déracinés ? Hibben de l'University of New Mexico écrit :
Bien que la formation des dépôts de muck soit énigmatique, il est manifeste qu'une partie au moins est arrivée là dans des conditions catastrophiques.
Les restes de mammifères sont en majorité démembrés et désarticulés fragments ont conservé des ligaments, des lambeaux de chair et de peau encore couverts de poils.
Des arbres tordus, déchirés sont empilés en masses séparées. Malgré leurs formes gondolées et tordues, on peut distinguer dans ces dépôts au moins quatre grandes couches de cendres volcaniques.9
Se pourrait-il qu'un sursaut d'activité volcanique ait tué la faune de l'Alaska, et que les cours d'eau aient par la suite transporté les corps de ces animaux ? Une éruption volcanique aurait évidemment brûlé les arbres mais sans les déraciner, ni les déchirer. De plus, si elle avait tué les animaux, elle ne les aurait pas démembrés.
La présence des cendres volcaniques montre qu'elle a bien eu lieu, et même à quatre reprises pendant la même époque est aussi évident que les arbres n'ont pu être arrachés et déchiquetés que par un ouragan, par une inondation ou par les deux.
Les animaux ont été broyés par une vague énorme qui a soulevé, arraché, transporté, écrasé, réduit en morceaux et enterré des millions de corps et autant d'arbres. Il faut ajouter que plusieurs volcans n'auraient pas suffi à provoquer une telle catastrophe sur une étendue aussi vaste : des dépôts de muck, analogues à ceux de la rivière Tanana existent aussi sur les berges de la rivière Koyukuk qui se jette dans le Yukon, et sur toute la longueur de la rivière Kuskokwim qui débouche dans la mer de Béring, ainsi que sur d'autres sites arctiques.
On peut donc « considérer qu'ils s'étendent en plus ou moins grande épaisseur sur toutes les zones n'ayant jamais été glacées de cette péninsule nordique »10.
Pourquoi les océans Arctique et Pacifique auraient-ils arraché forêts et animaux pour ensuite rejeter toute cette masse confuse en grands tas éparpillés sur le territoire... N'était-ce pas plutôt une révolution tectonique dans l'écorce terrestre, qui a aussi entraîné des éruptions volcaniques et couvert la péninsules de cendres ?
A différents niveaux du muck, on a trouvé des outils de pierre « congelés in situ à de grandes profondeurs, manifestement associés à la faune de la période glaciaire », ce qui implique qu'en Alaska « des hommes furent contemporains d'animaux maintenant disparus »11. A plusieurs reprises, on y a découvert des silex taillés de forme caractéristique ( appelés pointes Yumas ) à 30 mètres de profondeur. On a même retrouvé ces pointes entre une mâchoire de lion et une défense de mammouth !12
Des armes similaires étaient employées il y a quelques générations uniquement par les Indiens de la tribu Athapasca occupant la vallée de la Tanana13. « On a également remarqué que les harpons des Esquimaux modernes ressemblent étrangement aux pointes yumas »14. Tous ces détails indiquent que ce carnage d'animaux et de forêts ne remonte qu'à seulement quelques millénaires.
~ Les îles de l'ivoire
Le littoral arctique de la Sibérie est froid, désert et inhospitalier. La mer est navigable pendant deux mois par an, et encore, uniquement pour les bateaux briseurs de glaces. De septembre à la mi-juillet, elle forme une étendue de glace continue. Les vents arctiques balaient ses toundras gelées où aucun arbre ne pousse et dont le sol n'est jamais cultivé. En 1878, au cours de son expédition à bord du Vega, Nils Adolf Erik Nordenskjöld, premier à emprunter cette route maritime nordique, longea la côte pendant des semaines sans jamais voir un seul être humain et ce depuis la Nouvelle-Zemble15 jusqu'au cap Shelagskoï16 situé près de l'extrémité Est de la Sibérie.
Dans le nord de la Sibérie, on a toujours découvert des défenses de mammouth fossilisées vendues dans l'Antiquité du temps de Pline, c'est-à-dire au Ier siècle avant JC. Les Chinois excellaient dans l'art de le sculpter. Le commerce de ces défenses s'est poursuivi de 1582, date de la conquête de la Sibérie par le cosaque Yermak ( sous le règne d'Ivan le Terrible ) jusqu'à nos jours. La Sibérie a fourni au monde plus de la moitié de ses besoins : bien des touches de piano ou de boules de billard ont été fabriquées à partir de ces défenses de mammouth.
En 1797, le cadavre d'un mammouth intact avec sa chair, sa peau et ses poils fut trouvé dans le sol gelé sibérien extraits depuis : « La viande avait l'aspect de boeuf récemment congelé ; elle était comestible mangèrent sans problème et sans conséquence »17. Le sol a dû rester gelé depuis le moment où ces mastodontes y ont été enfouis, car autrement ils se seraient putréfiés en un seul été et ne seraient pas restés intacts pendant des millénaires : « Il faut donc absolument en déduire que les corps ont été gelés immédiatement après la mort et qu'ils n'ont jamais dégelé une seule fois jusqu'au jour de leur découverte »18.
Bien plus au nord de la Sibérie, dans l'océan Arctique, à quelques 1000 km à l'intérieur du Cercle polaire, se trouvent les îles Liakhov l'époque de Catherine II, s'était aventuré dans cet archipel et avait découvert qu'elles abondaient en ossements :
La quantité de restes de mammouths était telle que l'île semblait véritablement formée d'ossements et de défenses d'éléphants cimentés par un sable glacé 19.
Les îles de la Nouvelle-Sibérie, découvertes en 1805 et 1806, ainsi que celles de Stolbovoï et de Belkov plus à l'ouest, offrent le même spectacle : « Le sol de ces îles désolées est littéralement jonché d'ossements d'éléphants et de rhinocéros en nombre surprenant »20. Elles sont couvertes « d'os de mammouths. La quantité de défenses, de dents d'éléphants et de cornes de rhinocéros trouvée dans la Nouvelle-Sibérie (...) est ahurissante et surpasse tout ce qu'on a pu découvrir jusqu'à ce jour »21.
Ces animaux s'y étaient-ils installés en passant sur la glace et pourquoi ? De quoi avaient-ils pu se nourrir ??? Pas des lichens des toundras sibériennes en tout cas, recouvertes de neige épaisse pendant la plus grande partie de l'année polaires gelées 10 mois sur 12 : les mammouths appartenant à la famille vorace des éléphants avaient besoin de copieuses rations « végétariennes ».
Comment ces grands troupeaux auraient-ils pu vivre dans un pays comme la Sibérie qui est considérée comme le pays le plus froid du monde et où il n'y avait pas d'alimentation qui leur convenait ?
Des défenses de mammouths ont été même été ramenées dans les filets du fond de l'océan Arctique les tempêtes qui sévissent dans ces parages, le littoral est parsemé de défenses rejetées par les vagues. D'après certains, cela indique que le fond de cet océan ( entre les îles et le continent ) était autrefois à sec et permettait ainsi le passage des pachydermes.
Le grand paléontologue français Georges Cuvier22 estimait qu'au cours d'un séisme continental, la mer ayant envahi les terres, les troupeaux de mammouths avaient péri puis, dans un second mouvement spasmodique, les eaux s'étaient retirées en laissant les cadavres derrière elles. Cette catastrophe avait dû s'accompagner d'une chute soudaine de la température et le gel les avait préservés de la décomposition23. Chez quelques-uns même, quand ils furent découverts, les prunelles étaient intactes !!
Charles Darwin n'admettait pas que de tels faits se soient produits. Dans une lettre adressée à Sir Henry Howorth, il reconnut que l'extinction des mammouths sibériens constituait à ses yeux un problème insoluble24. L'éminent géologue américain J. D. Dana écrivit : « Le fait que d'énormes éléphants soient enveloppés dans la glace et le parfait état de conservation de la chair montrent que le froid est devenu soudainement extrême, comme en une seule nuit d'hiver et qu'il n'y a pas eu de radoucissement par la suite »25.
On a trouvé dans l'estomac et entre les dents des mammouths des plantes et des herbes qui ne poussent pas de nos jours dans le nord de la Sibérie : « Les estomacs et leur contenu ont été soigneusement examinés existant actuellement dans le sud de la Sibérie, bien éloigné de ces gisements d'ivoire. L'étude au microscope de la peau a révélé la présence de globules rouges dans le sang, ce qui prouve [ deux choses ] : la mort a été subite, et la mort a été causée par asphyxie, que cette asphyxie soit due à des gaz ou à de l'eau ( manifestement l'ultime cause possible dans ce cas ) ». Mais l'énigme subsistait : « Comment expliquer la congélation subite de ces énormes masses de chair, comme si elles avaient conservées pour le futur ? »26
Quel phénomène a pu entraîner un changement subit du climat de la région ? Aujourd'hui, le pays ne produit pas de nourriture pour les grands quadrupèdes mousses et des champignons durant quelques mois. Or les mammouths ne s'en contentaient pas seuls à paître au nord de la Sibérie et dans les îles de l'océan Arctique. Sur l'île Kotelnoï « Il n'y a ni arbustes ni buissons... Dans cette contrée sauvage et glacée, on trouve pourtant des os d'éléphants, de buffles et de chevaux en quantités qui défient tout calcul »27.
En 1806, quand Hedenström et Sannikov découvrirent les îles de la Nouvelle-Sibérie, ils trouvèrent au milieu de cette « région déserte et reculée » de l'Arctique « d'immenses forêts pétrifiées ». Elles se voyaient de plusieurs dizaines de kilomètres. « Dans ces ruines d'anciennes forêts, les troncs de certains arbres étaient debout demi enterrés dans le sol gelé ; ils couvraient une étendue considérable »28.
Hedenström les décrivit ainsi : « Sur la côte de la Nouvelle-Sibérie, on rencontre de remarquables collines de bois [ amoncellement de troncs ] 50 mètres de hauteur et sont faites de couches horizontales de grès qui alternent avec des couches de poutres bitumineuses ou troncs d'arbres. Lorsqu'on les parcourt, on rencontre partout du charbon de bois fossilisé, apparemment recouvert de cendres ; mais, en y regardant de plus près, on constate que ces cendres sont également pétrifiées et si dures qu'on peut difficilement en couper un petit morceau au couteau »29. Certains troncs sont fichés verticalement dans le grès, leurs extrémités brisées.
En 1829, le scientifique allemand G. A. Erman se rendit aux îles Liakhov et de Nouvelle-Sibérie pour y mesurer le champ magnétique terrestre et s'étonna de voir le sol jonché d'os d'éléphants, de rhinocéros et de buffles. Au sujet des entassements de bois, il écrivit : « En Nouvelle-Sibérie, sur pentes exposées au Sud, on trouve de véritables collines de bois rejetés par la mer et hautes de 70 à 90 mètres dont l'origine ancienne (...) s'impose immédiatement à l'esprit des chasseurs les moins instruits. D'autres collines de cette île, tout comme celles de l'île située plus à l'ouest ( Kotelny ), sont composées de squelettes de pachydermes, de bisons etc. entassés sur une même hauteur, cimentés ensemble tant par du sable congelé que par des couches et des veines de glace... Sur le sommet de ces singulières collines des troncs d'arbres gisent les uns sur les autres, dans le plus grand désordre, soulevés en dépit de la pesanteur, leurs cimes brisées ou éclatées comme s'ils avaient été violemment projetés et amassés sur les pentes en venant du Sud »30.
Eduard von Toll fit plusieurs voyages aux îles de la Nouvelle-Sibérie entre 1885 et 1902, année de sa mort dans l'océan Arctique. Il examina les « montagnes de bois » et « constata qu'elles étaient faites de troncs d'arbres carbonisés, portant des empreintes de feuilles et de fruits ».31 Sur Maloï, une des îles de l'archipel Liakhov, il trouva des ossements de mammouths et d'autres animaux mêlés à des troncs d'arbres fossiles, ainsi qu'à des feuilles et à des pommes de pin. « Cette étonnante découverte prouve qu'aux époques où les mammouths et les rhinocéros vivaient dans le nord de la Sibérie, ces îles désolées étaient couvertes de grandes forêts et d'une végétation luxuriante »32. Un formidable ouragan avait apparemment déraciné et emporté les arbres de la Sibérie vers l'extrême Nord forme de grosses collines et un agent de nature bitumineuse les avait transformés en charbon de bois, avant ou après qu'ils aient été déposés et cimentés dans des masses de sable qui s'est desséché et durci en grès.
Ces forêts ont été arrachées au nord de la Sibérie, précipitées dans l'océan, et, mêlées aux os d'animaux et aux tas de sable... Elles ont formé les îles ! Il se peut d'ailleurs que les arbres brûlés, les mammouths et les autres animaux n'aient pas été tous détruits et emportés par une seule catastrophe. Il est plus probable qu'un cimetière « flottant » composé d'arbres et d'animaux ait été charrié sur la crête d'un monstrueux raz-de-marée et que celui-ci, en se retirant, ait tout laissé tomber sur un cimetière plus ancien, situé loin à l'intérieur du Cercle polaire.
Les scientifiques qui avaient exploré les lits de muck en Alaska ne comprirent pas : ils ne relevèrent pas la similitude qui existe entre les restes d'animaux qu'ils avaient vus et les restes d'animaux qu'on avait trouvés bien avant ( et qu'on trouve encore ) dans les îles arctiques et les régions polaires de Sibérie. Ils ne pensèrent pas à une cause commune. L'exploration des îles de la Nouvelle-Sibérie était l'oeuvre d'académiciens des XVIIIe et XIXe siècles qui avaient suivi les chasseurs d'ivoire l'oeuvre des scientifiques du XXe siècle qui avaient suivi les machines des « chercheurs » d'or. Deux cas de figure quasiment identiques, deux observations, l'une ancienne, l'autre récente, pour une même région, le Grand Nord, quand on sait que l'Alaska n'est séparé de la Sibérie que par un détroit ?
Avant de présenter d'autres observations réparties un peu partout sur le globe, je passerai en revue quelques théories à propos de notre planète et du règne animal. Nous allons donc voir comment les anciens naturalistes expliquaient les phénomènes, comment ils les interprétaient sur le principe de « l'évolution lente », et comment certains faits récents ne collent plus vraiment avec l'idée d'un monde paisible modelé par une « lente évolution ».
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Révolution
~ Les blocs de pierre erratiques
« Les océans recouvraient encore en partie les Alpes33 lorsqu'une violente secousse du globe ouvrit tout à coup de grandes cavités (...) et fit céder ou éclater un grand nombre de rochers. (...) En tombant de leur hauteur, les eaux se jetèrent vers ces abysses avec une violence extrême ; elles traversèrent de profondes vallées et arrachèrent d'énormes quantités de terre, de sable et de roche de toutes sortes. Cette masse, poussée par les torrents d'eau, fut dispersée sur les pentes jusqu'à une certaine hauteur, pentes où nous pouvons voir encore aujourd'hui tous ces fragments éparpillés34».
C'est ainsi que l'éminent physicien et géologue suisse Horace Bénédict de Saussure expliquait la présence dans le Jura de pierres et de rochers venant des Alpes, la présence de restes marins sur les sommets alpins, et pourquoi les vallées alpines sont remplies de sable, de gravier et d'argile. Ces pierres du Jura ont été arrachées aux Alpes diffère des formations rocheuses de leur nouveau site, montrant ainsi leur véritable origine, en l'occurrence alpine. On les appelle des « blocs erratiques ».
Ceux du Jura sont situés à 600 mètres au-dessus de l'altitude du lac de Genève. Ils mesurent souvent des dizaines de mètres cubes ( celui de la Pierre-à-Martin dépasse 290 m3 ) . Seule une force colossale a pu les transporter à travers le fond du lac ( à sec ) et les monter jusqu'à leur place actuelle.
On trouve des blocs erratiques un peu partout dans le monde. Sur les côtes britanniques et les plateaux des Highlands, il en existe des quantités ayant traversé la mer du Nord depuis les montagnes norvégiennes. D'autres sont partis de la Scandinavie pour se répandre en Allemagne, parfois de façon si dense qu'ils semblent avoir été amassés là par des maçons pour construire des villes sur les pentes du Harz ( massif presque au centre de l'Allemagne ). Des blocs de pierre sont aussi partis de Suède, ont survolé les pays Baltes et la Pologne, et ont atterri sur les Carpates. Un autre train de pierres a quitté la Finlande et a passé les collines du Valdaï et Moscou pour aller jusqu'au Don.
En Amérique, des blocs erratiques issus des granits du Canada et du Labrador se sont répandus sur les Etats du Maine, du New Hampshire, du Vermont, du Massachusetts, du Connecticut, de New York, du New Jersey, du Michigan, du Wisconsin et de l'Ohio ( tous au nord-est des U.S.A. ); ils se sont perchés sur les arêtes des montagnes, et gisent sur leurs versants ou au fond des vallées. On en voit sur la plaine côtière, sur les White Mountains et les Berkshires, en files parfois ininterrompues dans les monts Pocono, ils reposent en équilibre instable sur le rebord des crêtes. Un touriste attentif se promenant dans les forêts s'émerveillera devant les dimensions de ces rochers, amenés et abandonnés là jadis dans des empilements à faire peur.
Certains sont énormes : le bloc près de Conway ( New Hampshire ) est long de 25 mètres, large de 12 et haut de 11, et pèse environ 10.000 tonnes, soit la charge d'un gros cargo. Le Mohegan qui domine Montville ( Connecticut ) est de même taille. Le grand bloc plat du comté de Warren ( Ohio ) pèse environ 13500 tonnes et recouvre presque un tiers d'hectare; l'Ototoks, à 50 km. de Calgary ( Alberta ) se compose de deux morceaux de quartzite « provenant d'au moins 80 km » et doit peser dans les 18.000 tonnes35.
Néanmoins, ceux de 75 à 90 mètres de circonférence sont petits si on les compare à la masse de craie située près de Malmö en Suède : elle mesure « 4.800 mètres de longueur, 300 de largeur, avec 30 à 40 d'épaisseur et a été transportée sur une distance indéterminée... » Elle est exploitée commercialement. Sur la côte est de l'Angleterre, on trouve une dalle calcaire analogue « sur laquelle un village a été innocemment construit »36.
Ainsi, un peu partout sur la Terre, sur certaines îles lointaines de l'Atlantique et du Pacifique comme sur celles de l'Antarctique37, il existe des rochers d'origine étrangère qu'une force phénoménale a apportés de très loin. Arrachés aux crêtes des montagnes et aux falaises côtières, ils ont voyagé par monts et par vaux, franchissant indifféremment les terres et les mers.
~ Les mers et les terres ont changé de place
Le plus célèbre zoologiste de la génération de la Révolution française et des guerres napoléoniennes fut Georges Cuvier38, fondateur de la paléontologie des vertébrés, science des ossements fossiles et par là même des espèces animales éteintes. Etudiant les formations de gypse à Montmartre, ainsi qu'en France et en Europe, il constata des couches d'animaux ou de plantes ( tous terrestres et d'eau douce ) intercalées parmi les strates marines du milieu et du fond - plus ou moins anciennes strates récentes, des animaux terrestres étaient enfouis sous des amas de sédiments marins. Il parvint à cette conclusion :
Il est souvent arrivé que des terrains ( mis à sec ) aient été recouverts par les eaux : soit ils sont descendus dans l'abîme, soit la mer est simplement montée plus haut que leur niveau... Les irruptions et retraites répétées de la mer n'ont pas toutes été lentes ou graduelles : au contraire, la plupart des catastrophes qui les ont entraînées ont été subites facile à prouver pour la dernière en date qui, par un double mouvement, a inondé puis laissé à sec nos continents actuels, ou du moins une grande partie du sol qui les forme aujourd'hui »39. « Le fait que les plus anciennes strates [ de la Terre ] aient été mise en morceaux, levées et retournées, ne laisse aucun doute sur les causes subites et violentes qui les ont mises en l'état où nous les voyons maintenant masse des eaux est attestée par les tas de débris et de galets qui s'interposent souvent entre les strates solides. La vie a donc été fréquemment troublée sur cette terre par des événements effroyables. D'innombrables êtres vivants ont été victimes de ces catastrophes : les uns, habitants de la terre ferme, se sont vus engloutis par des inondations, les autres, qui peuplaient les eaux, ont été mis à sec, le fond des mers s'étant brusquement rehaussé ont même disparu à jamais et n'ont laissé que quelques fragments commémoratifs à peine reconnaissables par le naturaliste »40.
Cuvier fut surpris de constater que « la vie n'a pas toujours existé sur le globe » parce que des couches profondes ne contiennent pas la moindre trace d'êtres vivants. Déserte, la mer « semblait préparer des matériaux pour les mollusques et les zoophytes41 » : ils sont apparus et l'ont peuplée, puis quittant leurs coquilles, ils ont élaboré les coraux, d'abord peu nombreux puis en vastes formations. Le scientifique français pensait que des changements avaient opéré dans la nature ( et pas seulement depuis l'apparition de la vie ) car ces masses terrestres les plus anciennes semblaient elles aussi avoir subi de violents déplacements42.
Dans le gypse des environs de Paris, il découvrit une couche calcaire avec plus de 800 espèces de coquillages marins trouvait un dépôt d'argile issu d'une eau douce. Et parmi les coquillages ( tous d'eau douce ) il y avait aussi des os, mais, chose remarquable, ils appartenaient à des reptiles ( crocodiles et tortues ) et non à des mammifères. Une grande partie de la France était alors recouverte par la mer, puis elle est devenue un pays habité par des reptiles terrestres s'est répété deux fois, les mammifères prenant la place des reptiles. Chaque couche referme la preuve de son âge grâce aux os et aux coquilles de animaux qui y ont été ensevelis au cours de bouleversements successifs. Ce qui s'est passé dans le Bassin parisien s'est aussi produit ailleurs, en France comme en Europe. Les couches dévoilent que :
Le fil des opérations est rompu ; la marche de la Nature a changé ; et aucun des agents qu'elle emploie maintenant n'aurait suffi à produire ses oeuvres antérieures43. Nous n'avons aucune preuve que la mer puisse aujourd'hui incruster des coquilles dans des pâtes aussi compactes que les marbres, les grès ou même le vulgaire calcaire (...) En résumé, l'ensemble de tous les causes ( encore actives aujourd'hui ) ne ferait pas sensiblement varier le niveau de la mer et n'élèverait pas non plus une simple strate au-dessus de sa surface (...) On a prétendu qu'elle avait subi une diminution générale de niveau (...) En admettant qu'il y ait eu un baisse graduelle des eaux, que la mer ait transporté des matières solides dans toutes les directions, que la température du globe diminue ou augmente, aucune de ces causes n'aurait pu renverser nos strates, envelopper de glace les grands quadrupèdes avec leur chair et leur peau, exposer à l'air libre des [ animaux ] marins (...) et finalement détruire de nombreuses espèces et même des genres entiers »44.
Ainsi, nous le répétons, nous cherchons vainement des causes suffisantes à produire des révolutions et des catastrophes tracées et « signées » sur la croûte terrestre, dans des forces qui agissent aujourd'hui à la surface de la Terre 45.
Mais qu'est-ce qui pouvait avoir causé ces catastrophes ? Cuvier passa en revue toutes les théories de son époque mais ne trouva pas de réponse à la question qui le préoccupait. Il constata seulement qu'elles avaient bel et bien eu lieu. Après « tant d'effort infructueux », il sentit que sa quête était vaine. « Je peux dire que les idées que j'ai poursuivies jusqu'à l'obsession, m'ont quasiment torturé pendant mes recherches sur les ossements fossiles »46.
~ Les cavernes d'Angleterre
En 1823, un professeur de l'Université d'Oxford publia un ouvrage intitulé Reliquiae Diluvianae ( Les Reliques du Déluge ), avec pour sous-titre : « Observations sur les restes organiques contenus dans les cavernes, les fissures et le gravier diluvien, et sur les autres phénomènes géologiques attestant l'action d'un déluge universel ». Son auteur William Buckland comptait parmi les grandes autorités en matière de géologie pendant la première moitié du XIXe siècle. En visitant une grotte située à Kirkdale ( Yorkshire ), à 25 mètres au-dessus de la vallée, il découvrit des dents et des os d'éléphants, de rhinocéros, d'hippopotames, de chevaux, de cerfs, de tigres ( avec des dents « plus grandes que celles du plus grand lion ou du plus grand tigre du Bengale » ), d'ours, de loups, d'hyènes, de renards, de lièvres, de lapins, ainsi que des os de corbeaux, de pigeons, d'alouettes, de bécassines et de canards, le tout dans un sol couvert de stalagmites. La plupart des mammifères étaient morts « avant d'avoir perdu leurs dents de lait ». Bien avant Buckland, certains scientifiques avaient expliqué à leur façon la présence d'os d'éléphants sur le sol anglais. Buckland leur répondit que l'idée « qui a longtemps prévalu et qui satisfaisait les [ archéologues ] du siècle dernier, affirmant que ces os étaient les restes d'éléphants importés par les armées romaines, est réfutée : d'abord parce qu'ils appartiennent à une espèce éteinte - comme le prouve leur anatomie, ensuite parce qu'ils sont généralement mêlés à des os d'hippopotames et de rhinocéros, animaux qui n'auraient pas pu être affectés aux armées romaines, enfin parce qu'on en a retrouvé dispersés en Sibérie et en Amérique du Nord [ mais ] en quantité égale ou plus grande que dans les parties d'Europe qui ont été soumises à la puissance de Rome »47.
Il est ainsi apparu que l'hippopotame, le renne et le bison cohabitaient à Kirkdale que l'hippopotame, le renne et le mammouth broutaient ensemble à Brentford, près de Londres48; et que le renne et l'ours gris demeuraient avec l'hippopotame à Cefn au Pays de Galles. Des squelettes de lemmings49 et de rennes ont été exhumés dans le Sommerset avec des os de lion et d'hyène50, et ceux d'hippopotames, de bisons, de chevrotains porte-musc avec des silex taillés dans les graviers de la vallée de la Tamise51. Dans la caverne française de Breugue, on a découvert des restes de renne avec des os de mammouth et de rhinocéros, à nouveau dans cette argile rouge avec les mêmes stalagmites52. Toujours en France, dans une grotte à Arcy, on a trouvé des os d'hippopotame au milieu d'os de renne, ainsi qu'un silex travaillé53.
D'après le Livre d'Isaïe ( 11:6 ) le léopard et le lion paîtront avec le chevreau et le veau dans les temps messianiques à venir... mais aucun prophète n'aurait pu prédire qu'un renne de la Laponie et un hippopotame du fleuve Congo vivraient ensemble en Angleterre et en France. Pourtant, ces animaux ont bien laissé leurs ossements dans la même boue, des mêmes grottes, avec ceux d'autres bêtes, dans un assortiment des plus étranges. Leurs ossements furent découverts dans des graviers et de l'argile auxquels Buckland a donné le nom de diluvium54. Il cherchait « à établir deux faits importants : en premier lieu, qu'une inondation récente avait affecté la totalité du globe lieu, que les animaux dont on avait trouvé les os dans les restes naufragés de cette inondation étaient originaires des hautes latitudes du Nord ». La présence d'animaux tropicaux dans le nord de l'Europe « ne saurait être mieux expliquée en supposant qu'ils se livraient à des migrations périodiques (...) car, pour les crocodiles et les tortues, les longues migrations sont quasiment impossibles, ainsi que pour l'hippopotame, lourd et gauche quand il est hors de l'eau ».
Mais alors, comment pouvaient-ils vivre dans le froid des îles Britanniques ? Buckland déclare : « Il est également difficile d'imaginer qu'ils aient pu passer l'hiver dans des lacs ou des rivières gelés ». En effet, les animaux terrestres à sang froid sont incapables de réguler leur température et sont obligés de se terrer pendant l'hiver, sinon leur sang se congèlerait. Comme Cuvier, Buckland était « presque certain que si un changement climatique s'est produit, il a été soudain »55.
A propos de l'époque de la catastrophe qui a couvert de boue et de gravats les ossements de la caverne de Kirkdale, Buckland écrit : « De la faible quantité de stalactites post-diluviennes, et de l'état des os - non décomposés56
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