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Robert Bowie Johnson
ISBN 2-914569-54-8 EAN 9782-914569-545
« D'après la légende, Persée réussit à trancher la tête de la gorgone sans la voir de face, évitant ainsi d'être changé en pierre. Il annula en effet le pouvoir de ses yeux en la regardant indirectement dans le reflet de son bouclier poli.
Pour vaincre aujourd'hui la malédiction de la gorgone, la même technique s'impose. Des milliers d'écrivains et de professeurs regardent Athéna en face, rencontrant le regard de la gorgone qui pétrifie leur esprit et paralyse leur raisonnement. Dans cet état de stupeur intellectuelle, ils deviennent incapables de reconnaître en Athéna l'Ève au serpent. Ce n'est qu'en regardant la statue d'Athéna indirectement, dans le reflet qu'en donne la Genèse, qu'on obtient le contour exact de son identité et qu'on saisit le rôle qu'elle joue dans la religion grecque ».
« Quand on entre dans le temple appelé Parthénon, toutes les sculptures qu'on voit sur le pignon concernent la naissance d'Athéna ».
Pausanias
Je remercie d'abord, pour leur immense contribution à ma connaissance de l'antiquité grecque, les érudits suivants : Bernard Ashmole, Sir John Boardman, T. H. Carpenter, David Castriota, Peter Connolly, B. F. Cook, Gregory Crane (rédacteur en chef du projet Perseus) et ses collègues, Hazel Dodge, Richard G. Geldard, Peter Green, Evelyn B. Harrison, Jane Ellen Harrison, Kristian K. Jeppesen, Carl Kerényi, Mary R. Lefkowitz, Jenifer Neils, Olga Palagia, Carlos Parada, J. J. Pollit, Noel Robertson, H. A. Shapiro, Erika Simon, Edward Tripp, Nicholas Yalouris, Froma I. Zeitlin, et tant d'autres dont je ne peux citer le nom.
Merci à la Bibliothèque Perseus et au personnel de la bibliothèque du collège Anne Arundel.
Merci également à Peter Lord, Peter Perhonis, Peggy Griggs, Jack Thomasson, Mark Wadsworth, Frank Bonarrigo, Richard Burt, Don MacMurray, Robert Alcorn, Michael Thompson et Richard Elms.
Et remerciements particuliers à Bernie Ruck.
[ La civilisation grecque finit par se montrer presque accueillante ] envers ces Romains conquérants, grâce à qui la Grèce agonisante allait transmettre à l'Europe ses sciences, sa philosophie, ses lettres et ses arts, base vivante de notre monde moderne.
Will Durant, The Life of Greece
Athènes était l'étoile de l'ancien monde et dominait quasiment tout le champ de l'activité humaine.
Peter Connolly, The Ancient City
Athènes est le foyer originel de la civilisation occidentale.
John M. Camp, The Athenian Agora
De savants érudits ont écrit des livres profonds sur le bâtiment qui se dressait devant nous. Chaque détail, ou presque, a fait l'objet d'intenses batailles d'arguments ou d'opinions. Chacun de ses blocs de marbre a été mesuré avec une précision laborieuse, qui paraîtrait ridicule pour tout autre bâtiment que le Parthénon. C'est que « l'ancien monde a culminé en Grèce, la Grèce à Athènes, Athènes sur l'Acropole et l'Acropole dans le Parthénon ».
Eugene P. Andrews, The Parthenon (1896)
On a toujours l'impression, en approchant de l'Acropole d'Athènes, d'être en compagnie de l'humanité entière. C'est l'un de ces lieux universels où l'âme et l'esprit collectifs se rassemblent et s'unissent jusqu'à en être perceptibles, et d'où le cœur le plus insensible ressort transformé.
R. G. Geldard, The Traveler's Key to Ancient Greece
L'Acropole est le moment fort de la visite, et un circuit archéologique commence nécessairement par le Parthénon, ce temple qui symbolise l'architecture grecque et qui, dans sa structure et son ornementation, représente la quintessence de la civilisation grecque.
Furio Durando, Ancient Greece
Pour moi, quant à la gloire des combats guerriers, je ferai cette ville illustre parmi les mortels.
Eschyle, Les Euménides
Notre cité est l'instructeur de la Grèce... Les âges futurs nous admireront comme l'âge présent nous admire aujourd'hui.
Périclès
Plus on contemple les Grecs, qui ont une part si grande aux structures de notre vie, plus on s'interroge sur la façon dont tout cela commença.
Michael Grant, The Rise of the Greeks
Nous avons de plus en plus conscience que la Grèce classique est non seulement le fondement de la civilisation occidentale, mais une passerelle vers les temps préhistoriques.
Ellen D. Reeder, Pandora
Quand on s'interroge sur notre civilisation, on se rend compte que la civilisation grecque en est le fondement essentiel.
Et au cœur de celle-ci, il y a le Parthénon.
Cet imposant monument classique, construit à l'apogée du premier âge de notre culture, s'enorgueillissait de posséder la plus riche décoration sculpturale des temples grecs antiques. Pourtant,voilà plus de 2000 ans que sa signification réelle se cache sous des mythes et explications, divertissants certes, mais éprouvants pour notre crédulité. On y voit l'infirme Héphaïstos ouvrir de sa hache la tête de Zeus et en faire jaillir Athéna ( fronton Est ), Athéna et Poséidon s'opposer pour le contrôle de l'Attique ( fronton Ouest ), les dieux se battre contre des Géants ( métopes Est ), les Grecs se battre contre des Amazones ( métopes Ouest ), les Lapithes lutter avec les Centaures ( métopes Sud ), les Grecs détruire Troie ( métopes Nord ), et Athéna, revêtue d'un manteau brodé, conduire un grand cortège ( frise ).
Tout cela nous échappe.
N'est-ce pas aberrant ?
C'est comme si le chêne disait au gland : « je ne sais pas qui tu es, je ne te reconnais pas ».
Formulons cela autrement : dans The Greek Achievement1, Charles Freeman écrit : « Les Grecs ont fourni les chromosomes de la civilisation occidentale ». Le Parthénon était le centre même de cette civilisation grecque classique sur laquelle s'est édifiée la nôtre. Nous devrions comprendre, intuitivement même, ce qu'il est vraiment. Pourtant, John Boardman, spécialiste éminent du monde grec ancien, a pu écrire : « de tous les monuments antiques ayant survécu, le Parthénon et ses sculptures sont les plus connus et les moins bien compris ».
Qu'est devenue l'ancienne compréhension ?
Le but de cette série d'ouvrages est de mettre au jour cette compréhension perdue. Dans ce premier volume, nous allons découvrir la surprenante identité de la déesse Athéna et déchiffrer le sens des sculptures qui ornaient la façade Est de son illustre temple.
Nous verrons en particulier que si la mythologie grecque fournit de nombreux renseignements, la clé véritable se trouve là où nul n'aurait imaginé la chercher : dans les Écritures, et plus spécialement le Livre de la Genèse.
Munis de cette clé précieuse, nous allons ouvrir la porte de notre passé grec et entrer dans un monde nouveau et captivant. Le secret est tout simple : le Livre de la Genèse et les sculptures du Parthénon racontent la même histoire, mais selon des points de vue différents.
Le Parthénon n'est pas considéré comme une des sept merveilles antiques. Pourtant, il devrait occuper le premier rang des grands monuments du passé. Car sa déesse et ses sculptures révèlent l'origine de la race humaine, tout en suggérant, et de quelle pénétrante façon, l'avenir qui nous attend peut-être. Grâce à cette capsule temporelle, nous allons enfin commencer à comprendre. En route !
Figure 1 : le Parthénon vu de l'Est
La façade Est du Parthénon telle qu'elle est aujourd'hui, débarrassée de toutes ses statues. La quasi-totalité du fronton manque. Les sculptures des côtés droit et gauche du fronton survivent au British Museum et ailleurs. Elles livrent de précieux indices sur la scène centrale, dont une phrase de l'ancien voyageur
Pausanias nous révèle le contenu : la naissance d'Athéna.
I
Reconstruire
le fronton Est
du Parthénon
~ 1 ~
Les pièces du puzzle
~ Brève histoire du Parthénon et de sa façade Est. Les travaux du Parthénon commencèrent en 447 av. JC sous une triple direction : politique ( Périclès ), artistique ( Phidias ) et architecturale ( Ictinos et Callicratès ). La consécration eut lieu neuf ans plus tard, quand Phidias eut achevé la statue intérieure en or et ivoire d'Athéna Parthénos. Les travaux continuèrent jusqu'en 432, date à laquelle les sculpteurs terminèrent l'ornementation.
Le temple d'Athéna fut utilisé sans interruption pendant un millier d'années jusqu'au jour où les chrétiens, entre la fin du Ve siècle et le début du VIe, le convertirent en église et retirèrent les statues centrales du fronton Est. Nombre de statues restantes furent à l'évidence volontairement défigurées par des fidèles zélés.
En 1687, assiégés par les Vénitiens, les Turcs utilisèrent le Parthénon comme magasin à poudre. Le 26 septembre, un obus vénitien frappa directement le Parthénon et fit sauter la poudre entreposée, détruisant une grande partie des murs intérieurs ( sauf l'extrémité ouest ), des groupes entiers de colonnes des côtés nord et sud et de nombreuses sculptures. Le fronton Est, lui, ne subit que des dommages mineurs. On en a la preuve dans les dessins d'un artiste nommé Jacques Carrey qui, en 1674, visita Athènes avec l'ambassadeur français auprès de la cour turque l'explosion de 1687, le centre du fronton Est avait complètement disparu.
En 1800, alors que l'Acropole d'Athènes était une forteresse turque, la couronne britannique nomma Thomas Bruce, septième compte d'Elgin, ambassadeur à Constantinople. Entre 1801 et 1810, celui-ci réussit à force de corruption, à s'approprier une bonne part des sculptures du Parthénon, dont la quasi-totalité des restes du fronton Est. Il les expédia en Angleterre et, en 1816, les vendit au British Museum où on les voit encore aujourd'hui.
Depuis, les chercheurs s'évertuent à reconstituer le centre perdu du fronton et à identifier et redessiner les personnages restants. Dans la partie suivante, nous allons examiner les pièces du puzle.
~ Les pièces du puzzle
Les indices dont nous disposons pour résoudre l'énigme du fronton Est disparu et en retrouver le sens, sont les suivantes :
1 ) Une description lapidaire du fronton laissée au IIe siècle par le voyageur Pausanias. C'est de loin notre indice principal ( voir ci-dessous )
2 ) Les sculptures du Parthénon exposées au British Museum sous l'appellation de « Marbres d'Elgin »
3 ) Les fragments de sculptures du musée de l'Acropole
4 ) Les dessins réalisés en 1674 par Jacques Carrey
5 ) Des peintures, sculptures et écrits antérieurs au Parthénon, susceptibles par conséquent d'en avoir influencé la décoration
6 ) Des peintures, sculptures et écrits postérieurs au Parthénon, susceptibles par conséquent d'en avoir été influencés
7 ) Les données techniques révélées par l'examen architectural détaillé des vestiges du fronton Est.
~ Le témoignage de Pausanias
On a peine à le croire : alors que le Parthénon fut un centre de culte pendant un millier d'années, un seul texte décrivant ses sculptures nous est parvenu. Il est du voyageur Pausanias qui, au second siècle, écrivit :
« Quand on entre dans le temple appelé Parthénon, toutes les sculptures qu'on voit sur le pignon concernent la naissance d'Athéna ».
Cette simple phrase énonce le thème du fronton et affirme que ses sculptures se conforment toutes à ce thème. Mais faute d'avoir fait le rapprochement entre Athéna, Ève et l'Eden du Livre de la Genèse, les chercheurs restent incapables d'identifier la plupart des personnages et de comprendre leur lien avec la naissance d'Athéna.
Voici les sculptures du côté gauche du fronton Est au British Museum. De gauche à droite : un aurige et deux chevaux ( A, B et C ), un homme nu et musclé ( D ), deux femmes richement drapées assises sur des coffres rectangulaires ( E et F ), et une femme debout ( G ) qui se détourne vivement du centre.
Ci-dessous, les mêmes sujets, dessinés par Jacques Carrey en 1674. En examinant les positions mutuelles des genoux de F et G, on constate que Carrey a exagéré la taille de G.
~ Détails du côté gauche du fronton Est
Dans l'illustration suivante, on retrouve les figures A, B et C. On y reconnaît généralement les restes d'Hélios ( le Soleil ) et de son quadrige.
Ci-dessous, on a proposé d'identifier la figure D à Thésée, héros unificateur de l'Attique, ou Dionysos, dieu du vin et des réjouissances, ou encore Héraclès.
Nous verrons qu'une seule de ces possibilités s'accorde avec le thème du fronton.
L'identification habituelle de E à Déméter, déesse de la fertilité, et F à sa fille Perséphone, est à rejeter car la naissance d'Athéna ne justifie pas leur présence ici. L'identification de G à Hébé, déesse de la jeunesse, ou Artémis, déesse de la chasse, n'est pas recevable non plus car la figure G n'a pas vraiment la stature d'une déesse paraissent si à l'aise alors que G, plus petite, se retourne avec anxiété.
~ Le côté droit du fronton Est
Les figures K, L et M sont exposées au British Museum. On identifie généralement K ( à gauche ) à Hestia, déesse du foyer, et L et M ( au centre et à droite ) respectivement à la déesse Dioné et sa fille Aphrodite. Personne n'a su expliquer leur évidente indifférence à la naissance d'Athéna qui occupe le centre du fronton. Nous verrons qu'il s'agit en fait, non de déesses olympiennes, mais de personnages familiers dont l'iconographie collective représentait pour les Grecs le paradis ancien, l'Eden.
Les mêmes personnages, dessinés en 1674 par Jacques Carrey.
On notera que K et M avaient à l'époque encore une tête.
~ Sculptures du côté droit du fronton Est au musée de l'Acropole.
Certains pensent que la sculpture ci-dessous, actuellement au musée de l'Acropole, serait le torse de Poséidon, le dieu de la mer révèle en réalité Atlas, titan dont la présence a un lien direct avec la naissance d'Athéna et l'ancien paradis.
Les dimensions du fragment suivant, et d'un autre, non reproduit ici, permettent de placer Héra, l'épouse de Zeus, sur le côté droit de la scène centrale du fronton Est.
Et les spécialistes voient dans la statue suivante N, exposée au musée de l'Acropole,
le torse d'une aurige qui serait Séléné ( la Lune ) ou Nyx ( la nuit ou les ténèbres ).
Nous verrons qu'une seule de ces deux propositions cadre parfaitement avec la cosmologie d'Hésiode et avec la naissance d'Athéna.
~ 2 ~
Les acteurs principaux :
Zeus, Athéna,
Héphaïstos et Héra
~ Née de la tête de Zeus. Les Grecs n'ont gravé la naissance d'Athéna dans le marbre que sur le Parthénon, encore nous ne le savons que par ces quelques mots de Pausanias, voyageur du IIe siècle : « Quand on entre dans le temple appelé Parthénon, toutes les sculptures qu'on voit sur le pignon concernent la naissance d'Athéna ». De la scène de la naissance elle-même qui occupe le centre, nous ne possédons que des fragments infimes. Par chance, cette naissance a été décrite dans la littérature et sur des vases. Voilà les sources sur lesquelles s'appuie notre reconstitution.
On sait par la mythologie qu'Athéna naquit adulte de la tête de son père Zeus après qu'il eut avalé Métis, déesse de la ruse. On sait aussi, par les anciens poètes et de nombreuses peintures sur vases, qu'Héphaïstos, dieu de la forge, ouvrit la tête de Zeus d'un coup de hache pour libérer Athéna. Dans la septième Ode Néméenne, composée avant la construction du Parthénon, Pindare écrit : « Grâce à la hache de bronze de l'habile Héphaïstos, Athéna jaillit du sommet de la tête de son père dans un cri puissant. Le Ciel et la Terre maternelle devant elle, frissonnèrent ». On peut en conclure que Zeus, Athéna et Héphaïstos figuraient certainement sur le motif central du fronton Est.
Héra, femme de Zeus et reine des dieux, y avait sans nul doute aussi sa place. L'exclure d'un thème dont nous allons voir la portée globale aurait été inimaginable pour les Grecs si pieux, sans compter que sa présence est amplement attestée par les données physiques.