La Vierge de l'Egypte

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Depuis 1968, la Vierge apparaît régulièrement en Egypte et les millions de musulmans, comme de chrétiens, se sont véritablement frotté les yeux en découvrant la Mère du Christ flottant au-dessus de l'église de Zeitoun, de Choubra ou encore d'Assiout. Ainsi, la Vierge est apparue pendant presque trois ans à Zeitoun et a été vue chaque soir par plus de 100.000 croyants et athées, y compris le président égyptien de l'époque Nasser. Encore plus incroyable, elle a repris ses apparitions spectaculaires en 2000 à Assiout. Mais en Europe, ces apparitions ont été passées sous silence. Pourtant, et pour la première fois dans l'histoire, ces apparitions mariales ont été photographiées et, certaines même filmées. Le Père François Brune a enquêté en Egypte auprès d'innombrables témoins et nous livre dans cet ouvrage quasi-surnaturel le résultat de son enquête.

Je remercie chaleureusement tous ceux qui m'ont aidé dans cette enquête en Egypte par leur témoignage, leur traduction, la permission d'utiliser leurs

documents, leurs photos et leurs textes sans

lesquels la réalisation de cet ouvrage

aurait été impossible.

P. François Brune

 

Points Historiques

 

- 5 juin 1967 : Début de la guerre des Six-Jours, opposant Israël à l'Egypte, la Jordanie et la Syrie, soutenues par l'Irak, le Koweït, l'Arabie Saoudite, le Yémen, le Soudan et l'Algérie. En une heure, l'aviation israélienne détruisit tous les avions de chasse égyptiens, jordaniens et syriens. Le lendemain 6 juin, les troupes de Tsahal s'emparèrent de la bande de Gaza, du Sinaï et traversèrent le canal de Suez. En moins d'une semaine, l'Egypte a perdu 20.000 soldats, la Jordanie 6.000, la Syrie 500 et Israël seulement 800, tout en multipliant par quatre son territoire initial de 1949.

 

- 2 avril 1968 : Première apparition de la Vierge au-dessus de l'église de Zeitoun en Egypte.

- 2 mai 1968 : La Sorbonne de Paris est fermée, déclenchant le début des grèves. Le 10 mai, premiers grands affrontements entre policiers et étudiants, et la France est paralysée jusqu'au 27 mai. Le 29 mai, le général de Gaulle démissionne.

 

- 1967-1971 : A la suite de la cuisante défaite de la guerre des Six-Jours, le président égyptien Nasser se rapprocha de Moscou en acceptant l'aide militaire de l'URSS. Il mourut d'une crise cardiaque le 28 septembre 1970 et fut remplacé par Anouar el Sadate, premier arabe à signer, quelques années plus tard, un traité de paix avec Israël.

C'est dans ce contexte de guerre froide et de guerre contre Israël qu'ont eu lieu les apparitions de la Vierge à Zeitoun qui, en arabe, veut dire « olives ». Dans le Proche-Orient, l'olivier est symbole de la paix...

 

Introduction

 

 

Ce sont certainement les apparitions de la Vierge les plus fantastiques de toute l'histoire de l'Eglise, à travers le monde comme à travers les siècles. En effet, lors de toutes les autres apparitions, seuls quelques privilégiés pouvaient la voir, lorsque ce n'était pas un seul.

En Egypte, depuis 1968, des foules entières ont vu la Vierge pendant des heures, plusieurs fois par semaine et sur des périodes de plusieurs années. Ajoutez que la grande majorité de ceux qui voyaient la Vierge n'étaient même pas chrétiens, mais musulmans et que beaucoup d'entre eux ont cependant bénéficié de guérisons miraculeuses. Ces « mariophanies » ont fait l'objet d'enquêtes, de reconnaissances officielles, d'innombrables articles de journaux et de revues dans le pays, depuis des années.

Alors, comment se fait-il que presque personne en Occident n'en ait jamais entendu parler ? Même quelqu'un d'aussi averti que le Père Laurentin semble les ignorer puisqu'il présente les apparitions du Rwanda comme les premières dans tout le continent africain...

La réticence systématique devant le surnaturel, propre à l'Occident, ne suffit pas à l'expliquer. San Damiano et Medjugorje ont attiré des milliers de pèlerins, des jeunes et des moins jeunes en quête de spiritualité. Un élément capital a certainement joué : ces apparitions ne se sont produites que sur des églises coptes.

Les coptes font partie d'un petit groupe de cinq Eglises chrétiennes, séparées de toutes les autres depuis le concile de Chalcédoine en 451, et qui ont poursuivi leur développement à travers les siècles en totale indépendance. Mais, précisément, elles sont indépendantes de Rome qui les considère comme des Eglises dissidentes. Or, en Egypte, la Vierge n'est jamais apparue sur des synagogues ou des mosquées, ce qui est normal, mais jamais non plus sur des temples protestants ou des églises catholiques. Pourtant, des églises catholiques, il y en a partout, partout où il y a des coptes.

Un autre aspect caractéristique de ces apparitions a peut-être joué aussi contre leur diffusion : la Vierge n'a pas prononcé un seul mot. Elle n'a délivré aucun message, ni par la parole, ni par l'apparition de quelque inscription dans le ciel. Ce silence leur donne un caractère un peu mystérieux. C'est à nous de deviner ce que la Mère du Christ a voulu nous dire par ses gestes, son attitude, sa simple présence. C'est précisément le but de ce livre que d'essayer de comprendre.

Mais, à travers cette enquête en Egypte, c'est aussi le mystère de la grandeur de Marie, Mère du Christ et Mère de Dieu que nous pourrons mieux entrevoir et contempler.

Je sais que la mode aujourd'hui, parmi les théologiens d'Occident, est de la rabaisser au rang d'une simple bonne ménagère et mère de famille.

Les petits esprits ne supportent pas le voisinage des grands. Ils veulent les ramener à leur niveau.

 

1

ZEITOUN

 

 

Tout commença le 2 avril 1968, lorsqu'une forme humaine blanche apparut sur la coupole centrale d'une petite église copte de Zeitoun, un quartier populaire au nord du Caire. La journée finissait et de nombreux mécaniciens se trouvaient encore dans le garage de bus en face de l'église. « Le Monde copte » a préservé le nom des premiers témoins, tous musulmans : Farouk Mohammed Atwa, chauffeur de bus, Hussein Awwad, mécanicien, Abed-el-Aziz Ali, gardien et Mahmoun Afifi, chauffeur :

« En voyant distinctement cette forme blanche, ils crurent être en présence d'une religieuse en habit blanc. Etant donné qu'elle se tenait sur une surface arrondie et glissante, ils lui crièrent de faire attention et d'attendre. L'un d'eux, craignant qu'il ne s'agisse d'une personne voulant se suicider, avertit la police. Un autre frappa à la porte de l'église. Ce fut Adel Youssef Ibrahim qui lui ouvrit, garçon de 18 ans et fils du Père Youssef Ibrahim, l'un des prêtres de la paroisse. Ayant constaté l'apparition, il prévint son père, qui, à son tour, en avertit le Supérieur le Père Constantin Moussa. Pendant ce temps, une grande foule s'étant amassée devant l'église, la circulation dut être interrompue dans la rue Touman-Bey. »

Sur le coup, les gens n'ont pas pensé à noter combien de temps avait duré l'apparition, d'autant qu'elle disparaissait pour réapparaître une ou deux heures plus tard. Ainsi, dans la nuit du 3 avril, la Vierge s'est manifestée à nouveau vers 3 heures du matin. D'ailleurs dans ces cas-là, l'expérience prouve que les estimations de la durée peuvent varier considérablement d'une personne à l'autre.

Le Père Moussa attendit que se produisent plusieurs apparitions avant de rédiger un rapport :

« La Sainte Vierge apparut de nouveau le 9 avril. La nuit suivante, aussi bien les soeurs d'une école voisine que mon fils aîné me dirent l'avoir aperçue de nouveau. Je me précipitai sur la place et je vis l'apparition, cette fois sous la forme d'un buste dans l'une des ouvertures du dôme, du côté nord-est de l'église. C'était un corps lumineux doré.1»

[ IMAGE ]

L'église Sainte Marie est dédiée comme son nom le précise à la Mère de Dieu. Au départ, il s'agit plutôt d'une chapelle familiale construite en 1924 par Khalil Ibrahim Pacha à l'angle formée par la rue Shari Tuman Bey ( l'artère principale de Zeitoun ) avec une toute petite rue adjacente qui porte précisément le nom de Khalil. Consacrée en 1925 par Amba Athanasios, évêque de Beni-Soueif, l'église est censée occuper le lieu de l'une des étapes du voyage de la Sainte Famille en Egypte. En réalité, elle s'en trouve éloignée de quelques centaines de mètres, mais la coïncidence n'en est pas moins frappante. D'après la tradition, le père de monsieur Pacha aurait eu vers 1918 une apparition de la Vierge au cours de laquelle elle lui avait demandé de construire une église à son nom à cet endroit précis où elle avait fait halte lors de sa fuite, lui promettant qu'elle y apparaîtrait 50 ans plus tard.

 

Les apparitions commencèrent effectivement le 2 avril 1968 et cessèrent en juin 1971, soit pendant un peu plus de trois ans. Les plus éclatantes eurent lieu entre le 27 avril et le 15 juin 1968. A partir de 1970, elles furent moins fréquentes, environ une par mois, même si certaines furent très spectaculaires, notamment celles du 6 janvier, du 14 février et du 5 mars 1970. La dernière, qui eut lieu le 29 mai 1971, fut même rapportée par la presse américaine.

La fréquence des apparitions varia dans le temps. Au début, elles eurent lieu presque chaque nuit. Ensuite, elles s'espacèrent peu à peu pour en arriver à une moyenne de trois par semaine. De plus, la Vierge semblait tenir aussi compte de ses fêtes liturgiques qui, dans l'Eglise copte, sont assez nombreuses : 32 dans l'année. Il était donc impossible de savoir de façon certaine quand la prochaine apparition aurait lieu. Les fidèles, qui venaient parfois de loin, se trouvaient ainsi contraints de prévoir plusieurs jours et surtout plusieurs nuits d'attente pour être sûrs de voir la Mère de Dieu. Du coup, toutes les maisons avoisinantes s'étaient un peu transformées en hôtel ou en auberge afin que la famille ou les amis qui venaient d'Alexandrie ou de la Haute Egypte puissent y dormir.

La durée des apparitions était très variable : dans les premiers mois, elles duraient généralement plus longtemps. Mais ensuite, si certaines se limitaient à quelques minutes, d'autres prenaient une heure, voire deux, et parfois plus. Ainsi, dans la nuit du 8 au 9 juin 1968, l'apparition commença à 21 heures pour finir à 4h30. Parfois, après s'être montrée un certain temps, la Sainte Vierge disparaissait, pour reparaître un plus tard dans la même nuit.

Ces apparitions étaient donc totalement imprévisibles. Elles avaient presque toujours lieu la nuit, mais il y eut des exceptions. Vous trouverez dans ce livre un témoignage sur une apparition « en plein jour et en plein soleil » donc sans qu' « aucune lumière artificielle » ait pu intervenir.

En effet, dès le début, des sceptiques tentèrent d'expliquer ces formes lumineuses par des reflets. Certains ont même escaladé les murs pour arracher les fils électriques. D'autres grimpèrent dans les arbres pour secouer leurs feuilles, parce qu'ils pensaient qu'elles envoyaient des reflets. Une nuit, voulant prouver que cette lumière venait des réverbères, la police en cassa un, sans pour autant perturber l'apparition. Une autre fois le courant fut coupé, plongeant tout le quartier dans l'obscurité. L'apparition eut quand même lieu.

Ensuite, les arbres ont été soit abattus, soit taillés et transformés en poteaux, sans que les apparitions cessent pour autant. La police mena une enquête rigoureuse dans toute la zone, parfois très loin de l'église, pour découvrir si éventuellement ces apparitions lumineuses pouvaient être produites par une quelconque installation technique. Résultat : néant. Quelques uns allèrent même jusqu'à soupçonner une opération du Ministère du Tourisme égyptien pour attirer plus d'étrangers !

La plupart des apparitions de la Vierge eurent lieu au-dessus de la petite église de Zeitoun. Mais, sur ce point aussi, il y eut des variantes : une fois elle semblait circuler entre les coupoles, une autre elle paraissait suspendue dans l'air, largement au-dessus.

 

Plusieurs témoins l'ont vue à travers l'une des arcades à la base de la coupole, ce qui implique que l'apparition se trouvait cette fois dans l'église même, à la hauteur de la coupole. On l'a même vue sortant directement d'un des vitraux. La Vierge est apparue à l'intérieur de l'église, plus souvent, semble-t-il, sous la coupole qui surplombe son icône. Elle s'est parfois manifestée aussi sur les arbres, un palmier et un petit olivier qui se trouvent près de l'église. Une de ces apparitions a ainsi duré 3h 30 et les feuilles de l'arbre sous ses pieds scintillaient comme de gros diamants. Mais elle est aussi apparue loin de tout bâtiment, loin de ces arbres, flottant simplement en l'air, à très faible hauteur. Sa forme aussi était très variable : parfois, il ne s'agissait que d'une forme lumineuse, assez vague, comme une sorte de nuage  nettement ses vêtements, le voile qui couvrait sa tête, tantôt blanc, tantôt bleu. Certains témoins ont même vu d'autres couleurs, du rose, du vert, mais toujours pâles. De nombreuses personnes ont précisé que la vision leur rappelait les représentations habituelles de la Vierge de Fatima.

Au moins une fois, elle est apparue sans voile, ses cheveux descendant jusqu'à ses épaules. Il lui est même arrivé de se manifester portant une couronne. On distinguait alors nettement ses traits et même l'expression de son visage. Les fidèles ont noté qu'elle était toujours douce, souvent souriante, mais quelquefois aussi, grave et triste. Sa taille pouvait aussi changer et pas seulement d'une apparition à l'autre mais au cours de la même apparition, donnant l'impression de grandir, jusqu'à deux fois la taille normale.

La Vierge s'est manifestée au moins une fois comme une petite fille de douze ou treize ans, ses cheveux châtains tombant sur ses épaules, une robe courte s'arrêtant au-dessous du genou, avec une ceinture nouée sur le côté.

Elle disparaissait parfois brusquement, mais pouvait aussi s'estomper peu à peu, devenant progressivement transparente, en commençant par le bas. Souvent, elle s'évanouissait comme elle était apparue, c'est-à-dire semblant sortir d'un nuage et s'y résorber, ou comme sortant par une porte mystérieuse ouvrant sur une autre dimension et repartant par la même ouverture sur l'au-delà.

La mère de Dieu était presque toujours comme lumineuse. Il arrivait que cette lumière fût si intense qu'il fallait quelque temps pour arriver à distinguer le visage qui s'en détachait. Elle pouvait même être comme entourée d'un halo lumineux « phosphorescent » ou seulement d'une auréole autour de la tête. L'un et l'autre pouvaient d'ailleurs disparaître brusquement au cours de l'apparition. Mais il lui est arrivé, bien que très rarement, d'apparaître aussi sans lumière, comme un corps opaque normal.

Certains témoins ont aussi parlé de la lumière de ses yeux. C'est pour tout cela que la Vierge de Zeitoun est appelée indifféremment en Egypte « Notre-Dame de Zeitoun » ou « Mère de la Lumière » ( Om-el-Nour ), ce dernier terme convenant particulièrement bien puisque, selon le prologue de l'Evangile de saint Jean, le Christ ou Verbe de Dieu « était la lumière véritable qui éclaire tout homme2».

La Vierge ne restait pas immobile. Elle se déplaçait sur la coupole de l'église, se tournant de droite et de gauche pour que tous puissent la voir. Elle ne semblait pas marcher, mais plutôt glisser dans l'air. Elle s'inclinait même vers la foule massée dans les rues voisines, puisque l'église se trouve à l'angle de deux rues. Elle s'agenouillait devant la croix de la coupole centrale, ou se présentait les mains jointes  droit pour bénir la foule, brandissant ainsi parfois une branche d'olivier ou une croix. Les témoins racontent que ses vêtements suivaient alors ses mouvements ou semblaient flotter au vent. Avant de disparaître, elle faisait souvent une sorte de signe d'adieu.

Il lui est arrivé également de se manifester portant le Christ enfant dans ses bras. On a même des récits où elle semblait le lancer gentiment en l'air pour le reprendre dans ses bras, comme on le fait en jouant avec un enfant. Mais parfois aussi, la Vierge et l'Enfant sont apparus plus solennels, le Christ semblant âgé d'une douzaine d'années, et tous les deux portant des couronnes. Au moins une fois, saint Joseph s'est montré avec eux et l'ensemble correspondait tout à fait aux images pieuses de la fuite en Egypte, la Vierge assise sur un âne et saint Joseph marchant à ses côtés avec un bâton. On l'aurait vue aussi entourée de deux, trois, quatre et même une fois cinq « petits anges ».

 

La plupart du temps, l'apparition de la Vierge était précédée de différentes apparitions lumineuses, comme des éclairs silencieux ou comme une chute d'étoiles. La lumière s'étendait souvent pendant l'apparition sur les coupoles elles-mêmes, en suivant leur courbe, comme on le voit souvent sur les icônes orthodoxes où cette lumière est représentée par l' «assiste », c'est-à-dire de l'or en fins filaments dorés. Mais la lumière pouvait aussi aller et venir plusieurs fois le long des coupoles.

Parfois elle balayait le mur de l'église dans le tiers ou les deux-tiers de sa partie supérieure. Quand l'image de la Vierge se tournait vers l'une des croix en ciment, celle-ci pouvait devenir lumineuse. D'autres lumières pouvaient aussi apparaître, comme des étoiles, mais beaucoup plus grandes. Une fois, ce fut une boule de lumière rouge, d'environ un mètre de diamètre : une traînée de lumière semblait en sortir et prit peu à peu la forme de la Mère de Dieu. Même la croix de la coupole centrale, pourtant normalement opaque, pouvait devenir lumineuse  placer dans le ciel, au-dessus de la Vierge.

Avant, pendant et après les apparitions, on a aussi vu des oiseaux, plus grands que des colombes, d'une blancheur éclatante, ailes déployées mais sans battements et pourtant très rapides. Leur couleur dépassait le blanc, c'est-à-dire qu'ils semblaient émaner de la lumière, comme illuminés de l'intérieur. Ils pouvaient même se manifester lors des nuits sans apparition de la Vierge. Ces oiseaux ne se posaient jamais, ni sur l'église, ni sur les arbres. Ils semblaient parfois sortir de l'une des coupoles, alors que celles-ci ne possèdent pas d'ouvertures, seulement des vitraux qui ne peuvent même pas s'ouvrir. On ne les voyait pas arriver, ni s'éloigner pour disparaître. Ils apparaissaient et disparaissaient d'un coup, sur place.

Ces oiseaux étaient plus ou moins nombreux selon les nuits, deux, trois, six ou même sept, formant une grande croix, par douze sur deux rangées de six. Parfois, l'une de ces colombes semblait plus importante que les autres, comme si elle les guidait, les autres glissant dans le ciel en formation, mais à une certaine distance. Ils volaient en formant souvent différentes figures, couronne autour de la croix de la coupole centrale, ou croix dans le ciel. Mais, comme pour la Vierge elle-même, il est arrivé qu'ils aient l'apparence de pigeons normaux. Pourtant, les pigeons ne volent jamais la nuit car ils ne voient rien dans l'obscurité, sauf une espèce très rare, mais qui ne se trouve pas dans cette région de l'Egypte.

Souvent au cours des apparitions, des parfums d'encens de rose émanaient de l'église, et la fragrance persistait longtemps après. Quelquefois même, ce phénomène se manifestait avant l'apparition, mais il pouvait aussi bien ne se produire qu'après le départ de la Vierge. Il était si dense qu'il constituait une sorte de brouillard qui enveloppait complètement l'église. Ce parfum était extrêmement fort. L'évêque copte Gregorios le vit un jour sortir des vitraux ( pourtant scellés ) de la base du dôme central, et il en parvenait tant « qu'il aurait fallu », dit-il, « des millions d'encensoirs pour en produire autant ». Ce brouillard est chaque fois décrit comme extrêmement épais, roulant de tous côtés vers l'église pour finalement la recouvrir complètement. Il était parfois rouge sombre et pouvait prendre directement la forme de la Vierge.

Des clichés ont été pris par différents photographes. Les plus nombreuses sont celles où n'apparaissent que ces oiseaux. Lorsque la Vierge elle-même se matérialisait, la surprise était telle que la plupart des personnes munies d'un appareil photo n'y pensaient même plus. Comme ils le disent souvent eux-mêmes, ils se retrouvaient comme « hors du temps » ou « hors de ce monde ». De plus, la pellicule n'arrivait pas toujours à fixer ce que les yeux pouvaient voir. La lumière était trop diffuse sur les photos et la nuée lumineuse qui entourait souvent la Vierge rendait les images obtenues encore plus floues.

Beaucoup ont cherché à compenser ce problème en dessinant ou en peignant ce qu'ils avaient vu. On dispose cependant de photos où l'on voit très nettement la silhouette de Marie. Comme d'habitude, pour ce genre de phénomènes, lorsque l'image n'est pas assez nette, les sceptiques disent « elle ne prouve rien » et quand elle est nette « il y a forcément eu truquage ». Je crois que la plupart sont vraiment authentiques, car on en connaît les auteurs, et tout à fait probantes puisque ceux qui avaient assisté aux apparitions ont dit : « c'est tout à fait ce que j'ai vu ». En outre, plusieurs photographies ont été examinées dans des laboratoires spécialisés qui ont affirmé qu'il n'y avait eu aucune retouche.

 

 

~ La Foule.

Dans les rues adjacentes à l'église, la foule était considérable. La clôture de la petite cour céda rapidement. Il fallut déplacer le garage d'autobus en face, et interdire la circulation des voitures dans les rues voisines. On estime que pour la seule année 1968, la moyenne des fidèles présents devait être d'environ 50.000 et pouvait monter jusqu'à 100.000 personnes certaines nuits. D'autres parlent même de 250.000, mais à partir d'un certain nombre, il devient difficile de donner une estimation exacte.

 

La « Une » du journal égyptien Al-Ahram du 27 avril 1968.

Parfois plus de 100.000 personnes se rassemblaient chaque soir à Zeitoun pour suivre les apparitions lumineuses de la Vierge.

Une masse compacte emplissait les rues : les gens qui étaient trop loin pour voir la Vierge poussaient les autres qui, tellement serrés, arrivaient à peine respirer. Les terrasses aussi étaient pleines. En fait, dans le quartier, on ne dormait plus la nuit. Certains s'y rendaient tous les soirs dès 18h et s'asseyaient par terre quand les autres étaient allés se coucher, dans l'espoir que la Vierge réapparaîtrait encore avant l'aube.

Bien des murs cédèrent sous la pression des spectateurs et certains ont même empilé les briques de ces murs pour s'asseoir. Ensuite, un périmètre complet du quartier fut fermé afin de réguler le nombre de fidèles. Puis, les habitants commencèrent à faire payer les chaises, gentiment disposées au début pour les personnes âgées et les malades. Et pour certaines fêtes, c'est l'entrée même dans ce périmètre que la police faisait payer : 2 Livres égyptiennes. C'est à partir de ce jour, prétend-t-on, que les apparitions cessèrent.

Bien évidemment, la foule ne comportait pas seulement des coptes. Il y avait aussi des chrétiens ( catholiques, orthodoxes, protestants ), des juifs, et surtout un très grand nombre de musulmans. Toutes les couches sociales étaient également représentées : des riches, des pauvres, des hauts fonctionnaires du régime égyptien, des ecclésiastiques, des diplomates, des touristes et des hommes d'affaires étrangers. Chacun priait selon sa foi, les uns récitant des versets du Coran, les autres priant ou chantant des hymnes liturgiques, en arabe ou même en grec.

Spontanément, la foule a même composé sur place quelques nouveaux chants en l'honneur de la Vierge : « Jetez des fleurs, jetez des fleurs à la Mère de Dieu... »3 A une certaine période, une procession était même organisée autour de l'église à minuit. Parfois, les prières étaient guidées par haut-parleurs. Ou encore, ceux-ci transmettaient le récit de guérisons miraculeuses obtenues par l'intercession de la Vierge les jours précédents. Il arrivait que les miraculés racontent eux-mêmes comment cela s'était produit. Mais, surtout, c'était des cris de joie, des demandes, des supplications qui jaillissaient de tous côtés. Et, parfois aussi, des applaudissements, au moment même où la Vierge apparaissait, avec les you-you typiques des femmes arabes, ou des exclamations d'étonnement, lorsque les uns ou les autres se trouvaient guéris de leurs infirmités ou de leurs douleurs.

Certains pleuraient tout simplement d'émotion en voyant ce qu'ils n'auraient jamais espéré voir.

Les demandes adressées à la Mère de Dieu étaient parfois très terre à terre, mais correspondaient sans doute à des choses importantes pour la vie quotidienne de ces gens : succès aux examens, devenir riche, trouver du travail. Parfois aussi, une sorte d'immense respect finissait par saisir la multitude qui faisait progressivement silence et entrait en contemplation.

Tous ne voyaient pas la Sainte Vierge. Certains sont d'abord venus plusieurs fois sans la voir, puis l'ont aperçue une fois, mais n'ont pas pu la distinguer les fois suivantes. Les enfants étaient souvent les premiers à la voir. Beaucoup, moins nombreux semble-t-il, ne voyaient que les lumières ou les oiseaux. Ce détail a une extrême importance : en effet, il suffit à prouver que l'image de la Vierge ne se voyait pas avec les yeux du corps charnel.

Il n'en reste pas moins que l'on a ici, si l'on peut dire, un phénomène d'apparitions de masse absolument unique dans l'histoire. Il faut remonter, semble-t-il, au Nouveau Testament avec l'apparition du Christ « à plus de 500 frères à la fois », d'après saint Paul4, pour trouver une manifestation d'une telle ampleur. Il est vrai que l'on pourrait encore faire un rapprochement avec les apparitions de la Vierge à Fatima. Mais, même à Fatima, la foule ne voyait pas directement la Vierge. Elle voyait de la lumière, elle assistait au spectacle extraordinaire de la danse du soleil, elle entendait parfois comme un sifflement ou un murmure, mais elle n'était pas admise à la vision directe de la Vierge.

Une des grandes caractéristiques des apparitions de Zeitoun ( et des autres apparitions de la Vierge que nous allons voir ) par rapport à la plupart des autres manifestations mtahomaes, est que Marie n'a jamais prononcé un seul mot : il n'y a jamais eu de long dialogue avec les voyants, ni même de message à transmettre comme à La Salette, à Lourdes ou à Fatima  jamais eu d'inscription apparaissant dans le ciel ou sur la coupole de l'église, comme ce fut le cas par exemple à Pontmain ou à la chapelle miraculeuse de la rue du Bac, lors des apparitions de la Vierge à Catherine Labouré. Silence absolu ! Apparitions muettes, comme par exemple celles de Knock en 1879, encore citées par le Pape Jean-Paul II le 24 septembre 2000 lors de célébrations exaltant le rôle de Marie.

Un autre aspect très étonnant de ces apparitions est qu'elles ont souvent été accompagnées d'autres manifestations de la Vierge, à domicile, qu'il s'agisse de véritables apparitions privées ou de songes, parfois pour consoler qui ne l'avait pas vue, parfois pour dissiper le doute chez ceux qui l'avait vue, d'autres fois encore pour accomplir une guérison. On retrouvera ces phénomènes lors des apparitions de Choubra ou d'Assiout que l'on verra un peu plus loin dans ce livre.

~ Reconnaissances officielles.

Le 23 avril 1968, Sa Sainteté Cyrille VI, « Pape d'Alexandrie et Patriarche de la Prédication de saint Marc » institua une commission composée de 12 évêques et prêtres coptes, chargés d'étudier ces phénomènes. Voici leurs conclusions :

« Nous avons le grand honneur de soumettre à votre Sainteté le résultat des investigations menées sur les apparitions de la Sainte Vierge, survenues en notre église orthodoxe copte de Zeitoun, au Caire. Le 23 avril 1968, après avoir été nommés par votre Sainteté, nous nous sommes rendus à l'endroit où se dresse l'église et avons pris contact avec ceux qui avaient été témoins des apparitions.

Après avoir recueilli les déclarations des employés du garage, nous sommes parvenus à la conclusion que l'apparition de la Sainte Vierge Marie s'est produite plusieurs fois au sommet et à l'intérieur des dômes de l'église à partir du 2 avril 1968. Ces apparitions ont surtout été observées par les employés du garage, dont le témoignage a été confirmé par les habitants de Zeitoun, tant musulmans que chrétiens. Des foules de gens venant de différentes régions du pays ont pu observer les apparitions de la Sainte Vierge, et un grand nombre d'entre eux ont certifié la réalité de ces apparitions et envoyé leurs témoignages, accompagnés de messages écrits enthousiastes.

Désirant voir l'apparition de nos propres yeux, afin de pouvoir en juger en toute certitude, nous avons passé plusieurs nuits dans le voisinage de l'église. Finalement, nous avons aperçu le buste de la Sainte Vierge entouré d'un halo. Ensuite, elle apparut en entier et se déplaça entre les dômes. Puis, elle s'agenouilla devant la croix et, finalement, bénit les multitudes.

Une autre nuit, nous avons vu des colombes aussi blanches que la neige, irradiant de la lumière. Les colombes apparurent soudainement et disparurent aussi mystérieusement. Elles semblèrent voler du dôme vers le ciel et elles ne battaient pas des ailes comme font d'habitude les oiseaux. Nous avons glorifié le Dieu Tout-Puissant d'avoir permis aux habitants de la terre de voir la gloire des habitants du ciel. »

Un comité civil d'enquête fut officiellement formé, composé du Gouverneur de la ville du Caire, du colonel Saad Zayed directeur de la Sécurité intérieure, de Mahmoud el Sebai, de quelques ingénieurs et des membres de la hiérarchie de l'Eglise orthodoxe copte. Il en ressortit un autre rapport, publié par le Directeur de l'Information pour le compte du Ministre du Tourisme, et qui confirmait le témoignage des ouvriers, et signalait 27 apparitions de la Vierge du 2 avril à la date du rapport. En voici un extrait :

« Une enquête officielle a été menée dont la conclusion est que l'apparition de la Vierge Marie Bénie sur l'église de Zeitoun, en un corps clair et très lumineux, vu par toutes les personnes présentes, chrétiennes ou musulmanes, est un fait indéniable. »

Le cardinal Stéphanos Ier Sidarouss, Patriarche des coptes catholiques, fit une déclaration qui se trouva incluse dans le rapport précédent :

« Il s'agit certainement d'une véritable apparition, confirmée par de nombreux membres de l'Eglise copte catholique, de toute confiance.

Ils ont vu les apparitions de la Vierge Bénie sur le dôme de l'église de Zeitoun et m'en ont rapporté la description en détail. Soeur Paula de Mofalo, religieuse catholique romaine bien connue pour son exactitude et sa précision, m'a assuré de l'authenticité des apparitions de la Vierge sur le dôme de cette église.

Elle était si excitée et émue par les apparitions qu'elle en était frissonnante et tremblante. Elle dit qu'elle n'était pas la seule à les observer mais qu'il y avait des milliers de gens à voir les apparitions. »

On remarquera peut-être que le patriarche catholique semble se cacher derrière le témoignage des autres. Mais il ne pouvait pas faire plus. Sa position était délicate. Il ne lui appartenait pas de reconnaître officiellement l'authenticité des apparitions puisqu'elles n'avaient pas eu lieu sur des églises relevant de sa juridiction... Les orthodoxes auraient pu s'en offusquer. Mais les autorités de l'Eglise catholique, à Rome, auraient aussi pu l'accuser de faire le jeu d'une Eglise dissidente !

Le Révérend Ibrahim Said, porte-parole de toutes les Eglises protestantes d'Egypte, affirma que ces apparitions étaient authentiques et déclara même dans son temple de Kasr el Doubara :

 

« Si Dieu avait permis ces apparitions, c'était peut-être pour donner à son peuple quelque compensation depuis qu'il ne pouvait plus se rendre aux lieux saints, à Jérusalem ».

Sa déclaration fut reprise dans le journal Watani du 5 mai 1968,5 jour de la reconnaissance officielle des apparitions par le Pape Cyrille VI.

~ Le président Nasser.

Le Père Constantin, un des premiers témoins de l'apparition que j'ai eu le privilège de rencontrer, m'a rapporté un épisode important qui n'a pas été relaté dans les journaux, mais qui est confirmé par un grand nombre d'autres témoins :

« Le président Nasser est venu deux fois et il a vu la Vierge. Un beau jour, alors que la foule était là, la police militaire a renvoyé les bus  l'intérieur. Nous avons vu des voitures à l'intérieur du garage. Le lendemain jeudi, Nasser est revenu et ils ont montré un livre d'or de l'église. Je m'en souviens parce que j'ai traversé la foule pour aller voir le livre. Nasser avait écrit qu'il était venu voir les lieux de l'apparition de la Vierge Marie à Zeitoun, et il a daté et signé. Je ne savais pas où se trouvait ce livre d'or jusqu'à la mort du Père Constantin en 1982. Après sa mort, son bureau a été donné à quelqu'un d'autre.

Si nous avions eu conscience de l'importance de ce document, ça aurait été une sorte de témoignage très précieux, très officiel, que le président musulman de la République a reconnu que la Vierge était apparue. Il a donné 10.000 Livres pour construire une cathédrale, mais pas, comme on le dit parfois, la grande église qui se trouve maintenant à la place du garage de bus. »

La reconnaissance des apparitions par le patriarcat copte a été rendue publique le 5 mai 1968 au cours d'une conférence de presse, avec institution de la fête liturgique de Notre-Dame de la Lumière, ou Notre-Dame de Zeitoun au 2 avril, date anniversaire de la première apparition.

~ Interview avec le Père Constantin :

Si bien des années ont passé depuis les apparitions de Zeitoun, j'ai quand même pu rencontrer plusieurs témoins. Le premier était encore tout jeune au moment des faits, mais cet événement l'a profondément marqué et a décidé de toute sa vie. C'est très probablement lui qui a été le premier à reconnaître la Vierge dans la forme bizarre au-dessus de la coupole. Il habitait d'ailleurs directement dans le bâtiment. En effet, les églises coptes comportent souvent des étages avec des salles de réunion, comme il arrive souvent aussi avec nos églises. Mais il arrive aussi très souvent que le prêtre chargé de l'entretien et de la sécurité y soit logé avec toute sa famille. L'église saint Sulpice à Paris comporte encore un logement occupé par un employé qui remplit à peu près les mêmes fonctions.

Dans l'église copte il s'agit d'un prêtre car il est chargé en outre d'une fonction très importante, la préparation du pain qui servira à la célébration eucharistique, appelée « korban6». C'est pourquoi chaque église est flanquée d'une petite pièce annexe avec un four pour cuire le pain, et cette maisonnette s'appelle traditionnellement Bethléem. Le mot convient parfaitement puisqu'il correspond au lieu de naissance du Christ et il se trouve, de plus, qu'en hébreu ce mot veut dire « maison du pain7». A Zeitoun donc, ce fut le fils de ce prêtre qui avait donné l'alerte au presbytère. Aujourd'hui, il est lui même devenu prêtre et porte le nom de « Père Constantin ». Voici son témoignage tel qu'il me l'a confié en mars 20048:

« Je suis vraiment né à l'église en 1953. Mon père y habitait et son travail consistait à fabriquer le pain sacré, de nettoyer les lieux, etc. L'Egypte était en guerre et tout le pays était plongé dans le noir à cause des avions. Au début du mois d'août, le jeudi de la fête de l'Ascension, à 22h, toute l'église est soudain devenue lumineuse, mais l'intérieur seulement. Même les fenêtres de l'église, peintes en bleu à cause de la guerre, se sont aussi recouvertes de lumière. Les habitants se sont rassemblés ainsi que la police et les gens de la défense civile et ils ont commencé à insulter les chrétiens. Ils ont cru que ces lumières étaient une indication que l'église voulait donner afin d'aider les avions juifs... Certains ont sauté à l'intérieur de l'église. Mon père a pris les clefs et a ouvert aux autres qui se sont précipités à l'intérieur : toute l'électricité de l'église était allumée. Ils ont couru pour tout éteindre mais ont fini par comprendre, en voyant les fusibles, que ce n'était pas possible. Rien n'avait été allumé, il n'y avait pas de source d'électricité, pas de courant. »

Question : Mais les ampoules étaient bien allumées ?

 Oui, oui. Ils ont cherché dans toute l'église s'il y avait quelqu'un de caché, des juifs... Ils étaient furieux... Alors, on a soudain vu toute la lumière se rassembler à partir des lustres, des chandeliers pour se transformer en une colonne de lumière dans la coupole. Ça, c'était un signe de Dieu qui annonçait ce qui allait se passer quelques mois plus tard. Cette colonne de lumière était encore à l'intérieur de l'église. Moi, j'étais là. A l'époque, j'étais en classe de troisième préparatoire et j'ai vu tout ça de mes yeux.

Q : La troisième préparatoire, vous aviez quel âge ?

 15 ou 16 ans. Dans cette église, il y avait un prêtre qui était un saint. Il s'appelait le Père Moussa. Quand on lui a dit ce qui s'était passé, il ne se troubla pas. Ça lui semblait naturel.

Q : Vous vous souvenez du jour de la première apparition ?

 C'était le mardi 2 avril 1968, à 19h, et le soleil était presque couché. De l'autre côté de la rue, il y avait un grand garage d'autobus. Ceux qui y travaillaient étaient tous musulmans, mais nous avions de bonnes relations avec eux, parce que il n'y avait qu'à traverser la rue. Ils ont frappé à la porte. J'ai ouvert la fenêtre de ma chambre et demandé '' Qu'est-ce qui se passe ?'' L'homme m'a dit : '' Ta soeur. Elle est au dessus de l'église et elle va se tuer ''. J'ai répondu : '' Ma soeur est là et elle dort. Elle est là, à l'intérieur, elle n'est pas au dessus de l'église ''. Bien que pieds nus, j'ai sauté par la fenêtre pour voir qui avait escaladé l'église. Alors, en regardant, j'ai vu que c'était la Vierge ! C'est exactement comme la statue que vous voyez là, la même chose, exactement. Vous savez que la coupole de Zeitoun est en pente. Elle, elle était debout sur cette pente, elle ne tombait pas, elle était en face de la croix. Ses vêtements étaient comme de la soie. Je ne voyais pas les détails de son visage, ni de ses mains ou de ses pieds. C'était un tissu de lumière volait dans l'air. Mais ça, c'était la forme de Vierge que j'ai toujours connue dans mon enfance.

J'ai couru pieds nus jusqu'à la maison du Père Constantin et je lui ai dit : '' Viens mon Père, la Vierge est sur la coupole de l'église ''. Lui, il a simplement souri et m'a pris le visage comme ça, en me pinçant les joues et m'a dit : '' toi, ne parle pas  de l'apparition de la Vierge ''. Je me suis senti vexé, parce qu'il n'avait pas assez d'enthousiasme et il n'a pas couru avec moi pour voir. Mais j'ai senti qu'il avait une certaine relation... qu'il parlait avec la Vierge en quelque sorte, qu'il savait déjà tout ça.

La semaine suivante, le mardi 9 avril 68, à la même heure, vers 19h15, la Vierge est apparue à l'intérieur de la coupole, comme une image illuminée. Encore une fois, tous les employés du garage et les habitants du quartier l'ont vue...

Durant toute la semaine les gens avaient parlé, alors quand ça s'est passé le mardi suivant, il y avait beaucoup plus de monde rassemblé, y compris le maire Hamdi Harros. Il a pris la moto de la police, une Gawa, et l'a tournée afin que les phares puissent illuminer l'église. Ces phares étaient très puissants. Et la lumière de l'image de la Vierge a augmenté, comme une sorte de miroir reflétant la lumière des phares. Mais les phares de la Gawa ont soudain éclaté ! La moto est restée dans cet état, à côté du commissariat, pendant deux ans. C'est devenu un grand témoin !

En ce temps, les religieuses du collège Notre-Dame tout proche venaient elles aussi très souvent. Il y avait la Mère Thérèse qui a commencé à venir chaque jour  Gennaro de la basilique Notre-Dame à Héliopolis qui est aussi venu et qui est maintenant Monseigneur Gennaro. En fait, tous les catholiques de Zeitoun sont venus et chantaient des chansons. Moi je ne comprenais que le ''Ave Maria''. Les coptes chantaient des chansons en copte et en moins de vingt jours, il y avait des milliers de fidèles en face à l'église.

Je ne descendais pas dans les rues pour voir ce qui se passait, parce qu'il était important pour moi de former un groupe de jeunes pour protéger l'église de gens qui se comportaient mal. Il y avait des messes chaque jour et parfois ces gens venaient dans l'église pour pisser dedans. C'était comme ça, ils voulaient déranger. Alors, nous devions protéger l'église.

Bien sûr, il y avait des apparitions. Moi, après, je ne les ai pas vues, je ne voyais que les oiseaux. Ils étaient grands comme des canards. Et ils ne volaient pas comme ça, avec les ailes, car leurs ailes étaient fixes, elles ne bougeaient pas. Ces pigeons, ils venaient jusqu'à la coupole et ils disparaissaient directement dans la paroi, et puis ils reparaissaient. Ils devaient avoir une grande force  Je ne sais pas.

Le même jour, il y a eu plein de miracles, pas des dizaines, mais des centaines. Dans une rue, même éloignée de l'église, il y avait des foules qui priaient et qui chantaient. Si un paralysé s'y trouvait, il était guéri tout de suite, qu'il soit chrétien ou musulman. Il y avait des aveugles ou des gens qui n'avaient pas une bonne vue et le gouvernement leur donnait même un petit bâton pour se diriger. Une fois guéris, ils rapportaient ce bâton comme une sorte de témoignage. L'apparition a été confirmée par des miracles qui témoignent de quelque chose de divin, sans aucune intervention humaine.

Je l'ai vu et je continuerai à témoigner devant Dieu de ce que j'ai vu. Je suis peut-être le premier chrétien à voir vu l'apparition de la Vierge de Zeitoun. Les musulmans ont pensé que c'était une fille qui voulait se suicider. Je tiens à préciser que ce n'est qu'après que j'ai eu la vocation pour devenir prêtre. Peut-être que la Vierge me l'a donnée, comme une sorte de privilège. Sans les apparitions, je ne serais pas devenu prêtre. Peut-être qu'elle me l'a aussi donnée afin que je puisse témoigner et être cru par tout le monde. »

 

Q : Les apparitions ont duré combien de temps ?

 Presque deux ans9. Deux à trois fois par semaine. Parfois elles duraient pendant deux heures et quart. Cela a été témoigné par le métropolite Athanasios, évêque de Beni-Soueif et Bahnasa, qui est décédé maintenant. Il était venu avec le comité du saint synode, comité officiel de l'Eglise copte pour confirmer les apparitions. Il y a eu aussi deux coptes laïques, l'un Néerlandais, l'autre Normand, venus de France et qui sont devenus par la suite métropolites de l'Eglise copte en France, Amba Marcos et Amba Athanasios.

~ L'enquête d'Amba Athanasios, évêque copte de Béni Soueif :

Cet évêque fut chargé par le Pape Cyrille VI de mener une première enquête sur les apparitions de Zeitoun et il a raconté au père Jérôme Palmer ce qu'il avait vu pendant la nuit du 29 au 30 avril 1968 :